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Gabon : urbanisme «sauvage», occupations «illégales», Libreville taille dans le vif 

le coup de coeur

Depuis juin 2025, la mairie de Libreville a enclenché une vaste campagne de reconquête du domaine public, marquée par des démolitions de constructions anarchiques et le déguerpissement d’occupants sans titre. Ces opérations touchent principalement les abords des grandes artères, les marchés secondaires, les zones de transit et certaines zones d’habitat spontané. L’objectif étant de redonner à la capitale, un visage conforme aux normes urbaines et améliorer la circulation ainsi que la sécurité.

Des populations contraintes de se réinventer sans préavis

Derrière cette ambition urbanistique se cachent des dizaines de familles relogées à la hâte ou devenues des sans domicile fixe (sdf), des commerces de fortune réduits en gravats, et des centaines de personnes contraintes de se réinventer sans préavis. Si les autorités assurent que des indemnisations ont été prévues, les témoignages sur le terrain parlent d’évictions brutales, sans consultation ni accompagnement. La zone de Plaine-Orety, située à deux pas de l’Assemblée nationale ou celle de Viré au Carrefour SNI et à Barracuda à Owendo, illustre cette brutalité puisque des maisons ont été rasées en quelques heures.

Une vue de la zone de Virié au Carrefour SNI où des logements ont été démolis. © D.R.

Pour la mairie, cette stratégie est assumée. Le Délégué Spécial Adrien Nguema Mba souhaite rompre avec “la ville-poubelle”, selon ses mots rapportés par plusieurs médias. Il s’agit en outre de restaurer l’autorité de la puissance publique sur le domaine foncier et de préparer les futures extensions urbaines prévues dans le cadre des plans de développement. Le combat contre l’habitat spontané est d’ailleurs vu comme une étape nécessaire à la modernisation de Libreville.

Toutefois, l’opinion s’interroge et souligne le fait que la lutte contre les occupations illégales ne peut être efficace que si elle est adossée à une stratégie de logements sociaux abordables et à une politique de foncier équitable. Sans cela, les populations chassées d’un point reviendront simplement s’installer ailleurs, recréant les mêmes conditions. La récidive urbaine est inévitable en l’absence de solutions structurelles.

Libreville entre dans une phase de transformation accélérée

Quoi qu’il en soit, Libreville entre dans une phase de transformation accélérée, mais à marche forcée. Les bulldozers avancent plus vite que les politiques de relogement, et les arrêtés municipaux pleuvent souvent sans concertation préalable. Ce rythme imposé, s’il peut répondre à l’urgence esthétique ou sanitaire, risque aussi de laisser sur le carreau ceux qui n’ont ni les moyens ni les alternatives pour s’adapter. 

Une vue de la zone de Plaine-Orety où des logements ont été démolis en juin dernier. © D.R.

Le défi ne réside pas seulement dans la destruction de ce qui est illégal ou anarchique, mais aussi dans la construction de ce qui est viable, pérenne et inclusif. Une capitale moderne ne se décrète pas uniquement par la répression, elle se bâtit aussi par la concertation, l’écoute et l’intelligence sociale. Libreville a certes besoin d’un urbanisme du dialogue, pas d’un urbanisme de la confrontation.

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