Le Conseil des ministres de ce vendredi 20 juin 2025 a acté le rattachement des ZERP (Zones Économiques à Régime Privilégié) de Nkok et de la zone franche d’Ikolo-Lambaréné au ministère de l’Industrie et de la Transformation locale. Ce changement de tutelle vise, selon les autorités, à mieux articuler la stratégie industrielle nationale avec les dispositifs fiscaux dérogatoires de ces zones. Mais que cache cette décision?
Un ralentissement des indicateurs de performance
La ZERP de Nkok, souvent présentée comme un succès vitrine, connaît un ralentissement de ses indicateurs de performance. Que ce soit le repli du volume des investissements, les installations industrielles inactives, les retards sur les engagements sociaux, c’est un tout. Quant à la zone d’Ikolo, elle peine à décoller, malgré les annonces et les plans successifs. Le transfert de tutelle suffira-t-il à redonner un souffle à ces projets ? Rien n’est moins sûr.
Ce repositionnement pose donc la question du rôle de l’Autorité administrative des zones, entité hybride entre l’État et les opérateurs privés, notamment le partenaire singapourien Olam qui s’en détache progressivement. Quelle est la gouvernance réelle de ces zones ? Qui décide, qui finance, et pour quels résultats ? À force d’opacité, ces zones commencent à apparaître comme des enclaves fiscales plutôt que comme des moteurs de transformation.
Des pertes fiscales sèches de 1000 milliards de fcfa
L’exécutif avoue d’ailleurs des pertes fiscales sèches de 1000 milliards de fcfa. Le ministère de l’Industrie, déjà surchargé et confronté à des arbitrages complexes, sera-t-il réellement en mesure de contrôler la dynamique de ces zones ? Ou s’agira-t-il d’un simple habillage administratif, sans moyen de peser sur les orientations stratégiques ni d’exiger des comptes aux gestionnaires ? Maître Lubin Ntoutoume, avocat de formation saura t-il y faire?
Si l’État veut faire de ces zones un levier de relance, il devra revoir leur modèle économique, renforcer les obligations contractuelles des opérateurs, et publier des bilans réguliers, lisibles et auditables. Autrement, les ZERP resteront un slogan plus qu’une politique. La diversification économique sous jacente à cette décision ne saurait s’accommoder de nouvelles mesures cosmétiques. Il faudra aller plus loin qu’un simple changement de tutelle. Pour l’heure, l’opinion observe.