Face à une dette qui s’alourdit et une trésorerie sous pression, le Gabon semble se diriger tout droit vers une demande d’aide auprès du Fonds monétaire international (FMI). Surtout après le refinancement de son eurobond. Mais si les autorités espèrent obtenir rapidement un soutien financier, la réalité pourrait être bien plus complexe. Selon Fitch Ratings, Libreville devrait solliciter un programme avec le FMI en 2025, mais les négociations ne devraient pas débuter avant l’élection présidentielle prévue en avril. Un timing qui en dit long sur les réticences de l’institution de Bretton Woods à s’engager dans un pays où l’incertitude politique demeure.
Car au-delà des chiffres et des besoins de financement, c’est bien la stabilité du régime qui inquiète. Depuis la transition de 2023, le climat politique reste fragile, et le FMI sait que tout accord nécessitera des réformes économiques drastiques, souvent synonymes de mesures impopulaires. Augmentation des taxes, réduction des subventions, compression des dépenses publiques… autant de décisions qui risquent de crisper une population déjà méfiante après des décennies de mauvaise gestion et de promesses non tenues. Libreville peut-il vraiment se permettre une nouvelle cure d’austérité sans provoquer une fronde sociale ?
D’autant plus que la gestion actuelle des finances publiques est loin d’être rassurante. Après avoir dû lever des fonds à un taux exorbitant de 12,7 % pour racheter un eurobond de 2015, le Gabon démontre son incapacité à convaincre les investisseurs autrement qu’en leur offrant des rendements records. Un signal inquiétant pour un pays censé être riche en ressources naturelles mais qui peine à équilibrer ses comptes. Plutôt que de prendre les devants avec des réformes structurelles, le gouvernement semble préférer repousser l’échéance, quitte à emprunter toujours plus cher et à plomber les générations futures avec une dette insoutenable.
Le FMI, de son côté, ne se laissera probablement pas attendrir par cette gestion approximative. Son soutien dépendra de garanties solides et d’engagements clairs sur la mise en œuvre de politiques budgétaires rigoureuses. Mais Libreville est-il réellement prêt à faire les efforts nécessaires ? Ou bien l’État gabonais espère-t-il, comme souvent, que les bailleurs de fonds fermeront les yeux sur ses dérives en échange de vagues promesses de rigueur budgétaire ?
Si un accord est conclu en 2025, cela pourrait apporter une bouffée d’oxygène temporaire au pays et rassurer les créanciers. Mais rien ne dit que Libreville saura respecter ses engagements. Après tout, ce ne serait pas la première fois que le Gabon obtient un soutien financier avant de retomber dans ses travers, incapable de rompre avec une gestion court-termiste et une dépendance excessive aux aides extérieures. Le FMI, cette fois, prendra-t-il le risque de financer un énième plan de sauvetage sans réformes profondes ? La réponse, elle, ne dépend pas seulement de Washington, mais aussi d’un gouvernement qui devra prouver qu’il sait autre chose que bricoler à la dernière minute.