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Grève à Comilog : 8 milliards de fcfa perdus en 4 jours, un bras de fer aux lourdes conséquences

le coup de coeur

Depuis le 6 mars 2025, la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), leader mondial du manganèse et pilier de l’économie gabonaise, est secouée par une grève générale illimitée menée par six syndicats. Ce mouvement, déclenché après l’échec des négociations sous la tutelle du ministère du Travail, plonge l’entreprise dans une impasse sociale et financière. En seulement quatre jours, les pertes sont estimées à 8 milliards de fcfa, un chiffre qui pourrait rapidement s’alourdir si aucun compromis n’est trouvé. Pour l’heure, la direction dénonce une grève « illégale et insoutenable », tandis que les employés réclament une revalorisation salariale jugée essentielle.  

Les syndicats, unis derrière un cahier de charges ambitieux, exigent une augmentation des salaires, primes et indemnités, une revendication que l’administration chiffre à 12 milliards de fcfa par mois. Pour les employés, cette demande est légitime compte tenu de la position de Comilog sur le marché mondial du manganèse et des profits générés ces dernières années. « Nous ne demandons que ce qui nous revient de droit. Comilog affiche des résultats records, mais ses travailleurs n’en ressentent pas les bénéfices à leur juste valeur », argumente un représentant syndical. Selon eux, la masse salariale de l’entreprise reste inférieure à ce qu’elle devrait être au regard des exigences du métier et des risques inhérents à l’exploitation minière.

La direction de Comilog, filiale du groupe français Eramet, rejette fermement les accusations de sous-évaluation salariale et souligne que les employés bénéficient déjà de conditions de rémunération avantageuses. « Le salaire moyen brut est de 955 000 fcfa et le plus bas est fixé à 345 000 fcfa, soit 102 % de la moyenne du marché. Les revendications actuelles sont déconnectées de la réalité économique de l’entreprise », a insisté Aunel Loumba, directeur de la communication. L’administration de Comilog qualifie également le mouvement d’« illégal », arguant que les négociations n’étaient pas encore arrivées à leur terme et qu’un processus de médiation était toujours en cours. Selon elle, cette grève met en péril la compétitivité de l’entreprise et menace directement des milliers d’emplois.

Un impact économique non négligeable pour le Gabon

Mais au-delà du conflit social, la grève de Comilog représente un choc économique majeur. Avec une production annuelle de 7 millions de tonnes de manganèse, l’entreprise est un acteur clé des exportations gabonaises. L’arrêt de ses opérations entraîne une perte estimée à 2 milliards de fcfa par jour, une somme qui s’accumule rapidement et qui, en cas de prolongation du mouvement, pourrait atteindre 60 milliards de fcfa en un mois. Ces pertes ne concernent pas uniquement l’entreprise : elles impactent aussi l’ensemble du tissu économique local, notamment les sous-traitants et les fournisseurs, qui dépendent en grande partie des activités de Comilog.

La situation devient d’autant plus préoccupante que Comilog est l’un des principaux contributeurs aux recettes fiscales du pays. En 2025, les impôts issus du secteur minier sont estimés à 81,5 milliards de fcfa, et une baisse prolongée de la production de manganèse pourrait significativement réduire ces recettes. L’État, déjà confronté à des défis budgétaires, risque de voir ses rentrées fiscales s’amenuiser, impactant potentiellement le financement des services publics et des infrastructures. Si le conflit social perdure, l’économie gabonaise pourrait être confrontée à un ralentissement aux effets bien plus profonds que la simple paralysie d’un site minier. Entre tensions sociales et impératifs économiques, la nécessité d’un compromis rapide devient un enjeu stratégique pour éviter une crise à grande échelle.

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