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Impôts : pourquoi le Gabon doit se serrer la ceinture fiscale

le coup de coeur

« Le septennat en cours doit marquer une rupture visible avec les lenteurs et les inerties du passé », a déclaré le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, lors du dernier Conseil des ministres du 30 mai 2025. Cette rupture passe, entre autres, par la mobilisation effective des ressources internes pour financer les politiques publiques. Le Conseil a ainsi exigé un « plan d’action assorti d’un chronogramme précis », impliquant tous les ministères concernés. Une coordination forte, attendue de longue date, pour enrayer le sous-financement chronique de la transformation économique.

Le Rapport pays de la BAD est sans ambiguïté à ce sujet : le Gabon affiche un déficit de financement de 1 milliard de dollars US par an jusqu’en 2030, soit près de 4,7% du PIB. L’effort fiscal reste en dessous du seuil de performance attendu, avec un ratio impôts/PIB estimé à 13%, contre un objectif optimal de 20% pour les pays à profil économique comparable. Ce différentiel implique un manque à gagner conséquent pour le Trésor public.

Des outils existent déjà pour améliorer la collecte, comme la plateforme Digitax, opérationnelle depuis 2023, qui vise à centraliser et automatiser la perception des recettes. Le Conseil n’a pas mentionné ce dispositif, mais l’appel à un plan d’action structuré suppose son extension à l’ensemble des régies financières. Par ailleurs, selon les estimations de la BAD, une amélioration des taux d’efficacité de la TVA pourrait générer jusqu’à 2 points de PIB supplémentaires en recettes.

L’élargissement de l’assiette fiscale ne saurait cependant se faire sans rationalisation. Le rapport souligne d’ailleurs le poids excessif des exonérations fiscales, souvent mal encadrées, et recommande une revue systématique de ces régimes dérogatoires. L’enjeu est également de mieux capter l’économie informelle, qui représente plus de 40% du PIB, mais très peu de recettes. La transparence dans l’attribution des marchés publics, évoquée indirectement dans les directives présidentielles, participe de cette logique.

La mobilisation des ressources internes est donc non seulement nécessaire, mais urgente. Elle conditionne le financement du logement, des infrastructures, et même du fonctionnement courant de l’État. Le lien entre discipline fiscale et souveraineté économique n’a jamais été aussi évident. À travers cet engagement, le gouvernement répond à une double exigence : dégager des marges budgétaires sans accroître la dette, et redonner confiance aux partenaires financiers.

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