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Investissements publics : entre ambitions politiques et marges financières étriquées

le coup de coeur

Le Conseil des ministres du 12 août a promis de concentrer les efforts sur « les infrastructures routières, le logement et le foncier, la souveraineté économique, la transformation numérique, l’éducation, l’agriculture, le suivi-évaluation et les réformes institutionnelles ». Mais le Cadrage macroéconomique 2026-2028 prévient : « les investissements publics sur ressources propres devraient s’établir à 314,1 milliards de fcfa en moyenne annuelle sur la période » déjà loin des 775 milliards annoncés par la BAD.

Ce chiffre, déjà modeste pour les ambitions affichées, se heurte à un autre obstacle de taille : « le service de la dette publique s’élèverait à 256,8 milliards de fcfa par an ». Autrement dit, presque autant d’argent sera consacré au remboursement des emprunts qu’aux investissements financés par les recettes internes. Dans ces conditions, difficile d’imaginer que tous les chantiers annoncés sortent de terre dans les délais et avec l’ampleur promise.

Limites structurelles des recettes hors pétrole

Cette tension entre ambitions politiques et réalité budgétaire est accentuée par les limites structurelles des recettes hors pétrole. Le cadrage indique que « la pression fiscale resterait autour de 11% du PIB, en deçà de la norme CEMAC de 17% », ce qui prive l’État de ressources supplémentaires pour gonfler la part des investissements. En clair, tant que les recettes fiscales ne progressent pas significativement, les projets structurants devront compter sur des financements extérieurs, avec le risque d’alourdir encore la dette. Et ce recours aux ressources extérieures, déjà massif, n’est pas sans conséquences. Il réduit la souveraineté budgétaire, rend les chantiers dépendants des délais de décaissement des bailleurs et accroît la vulnérabilité face aux conditions de prêt.

Ce n’est pas la première fois que ce décalage se produit. En 2023, le taux d’exécution des investissements sur ressources propres n’a été que de 45%, un chiffre rappelé dans le cadrage comme signe d’une « faiblesse dans la maturation des projets et la disponibilité des financements internes ». Cette situation montre que même quand les crédits sont prévus, ils ne se traduisent pas automatiquement en infrastructures réelles. Il faut donc plus de marges financières, mais aussi une meilleure capacité d’exécution. Sans correction sur ces deux fronts, les ambitions d’un « leadership régional » risquent de se limiter à des annonces. 

Dynamique de la masse salariale

Par ailleurs, le document budgétaire reconnaît que « les investissements publics sur ressources propres sont structurellement contraints par la dynamique de la masse salariale et du service de la dette ». Autrement dit, les deux charges fixes qui dominent le budget bloquent mécaniquement l’espace pour investir davantage. Tant que ces verrous ne seront pas levés par des réformes profondes, les projets resteront coincés dans la rhétorique politique, loin d’un véritable changement de cap économique.

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