La création du Fonds gabonais pour l’Habitat et le Logement (FGHL), annoncée lors du conseil des ministres du 30 mai 2025 comme un « mécanisme de régulation, de financement et d’appui aux opérateurs du secteur », répond à un double impératif : réduire les inégalités et relancer l’activité dans le secteur du BTP. Ce choix s’appuie sur un constat partagé par la BAD : le logement est un secteur à fort impact économique et social, mais insuffisamment structuré.
Selon le Rapport 2024, plus de 50% des ménages urbains vivent dans des logements non réglementés ou précaires. Ce déséquilibre contribue à entretenir les inégalités, alors même que le Gabon affiche un des PIB par habitant les plus élevés d’Afrique (8680 USD). En parallèle, la pauvreté concerne 34,3% de la population, et l’indice de Gini de 0,38 illustre une concentration forte des revenus.
Le FGHL pourrait structurer un marché locatif encore embryonnaire, offrir des garanties aux promoteurs et soutenir la production de logements abordables. En ciblant les classes moyennes et populaires, il contribuerait aussi à élargir la base fiscale. Le rapport souligne que le secteur du logement peut représenter jusqu’à 12 à 15% de la demande en BTP, renforçant les effets d’entraînement sur d’autres segments économiques.
L’enjeu sera aussi de mieux encadrer l’usage du foncier public, en articulation avec l’inventaire patrimonial annoncé par le Conseil. La sécurisation des titres, la régulation des baux et la transparence dans l’attribution des parcelles sont autant de conditions pour une politique du logement efficace. La numérisation annoncée de la gestion patrimoniale pourrait faciliter ces avancées.
En consolidant ce secteur, l’État répond à une urgence sociale tout en dynamisant l’économie locale. Le FGHL, bien conçu et bien géré, peut devenir un instrument stratégique de stabilisation économique, de lutte contre les inégalités et de développement urbain maîtrisé. Mais des défis demeurent. Les précédents montrent bien que la volonté seule ne suffit pas. Wait and see.
