Le 13 août 2025, Libreville a accueilli une délégation commerciale indienne conduite par le Haut-Commissaire VSDL Surendra. Reçue par le ministre des Mines, Gilles Nembe, la mission avait pour objectif d’identifier de nouvelles opportunités d’affaires dans le secteur extractif gabonais. « L’Inde est disposée à investir au Gabon, un pays d’opportunités avec un potentiel considérable. Nous sommes particulièrement intéressés par le manganèse, l’or et d’autres minerais, et surtout prêts à transformer localement le manganèse », a déclaré le diplomate. Les discussions ont également porté sur le développement des infrastructures et du secteur agricole, signe d’une approche de coopération économique élargie.
Le manganèse reste le minerai-phare du Gabon. Selon le Rapport ITIE Gabon 2022, la production nationale a atteint 10,5 millions de tonnes en 2022, en hausse de près de 4% par rapport à 2021. Les exportations de manganèse et de ses dérivés ont représenté une valeur totale de 1 309,9 milliards de fcfa, soit environ 84% de la valeur des exportations minières du pays. Le prix moyen à l’exportation était de 124 721 fcfa par tonne, confirmant l’importance stratégique de cette ressource sur les marchés mondiaux.
Cette nouvelle offensive indienne intervient dans un contexte de forte compétition internationale. La France, les États-Unis et le Japon ont déjà renforcé leurs liens avec Libreville autour de cette filière. L’attrait ne tient pas seulement aux volumes exportés, mais aussi à la volonté affichée par le Gabon d’accroître la transformation locale. « Nous voulons que le Gabon ne soit plus seulement un exportateur de minerai brut, mais aussi un producteur de manganèse transformé », avait rappelé récemment le ministère des Mines, citant la valeur ajoutée et les emplois que cette orientation pourrait générer.
Le pays dispose déjà d’unités de transformation, mais leur capacité reste limitée face aux ambitions présidentielles. En 2022, moins de 15% de la production a été traitée localement avant exportation. Le reste, expédié brut, profite surtout aux industriels étrangers qui assurent la transformation et captent la plus grande part de la valeur ajoutée. L’arrivée d’investisseurs indiens pourrait donc contribuer à combler ce déficit, à condition que les projets se concrétisent et s’inscrivent dans la durée.
Pour Libreville, l’enjeu est aussi bien de diversifier ses partenariats pour réduire la dépendance envers un petit cercle d’acheteurs, que d’imposer progressivement une industrialisation locale capable de transformer la manne minière en développement durable. Le Gabon, qui a déjà montré sa capacité à s’imposer comme un fournisseur clé sur le marché mondial du manganèse, joue désormais une partie stratégique où chaque nouveau partenaire, de Tokyo à New Delhi, compte.