En début d’année 2024, le ministre des Comptes publics Charles M’ba et le Premier ministre Raymond Ndong Sima affirmaient leur volonté de mettre fin aux dérives des marchés de gré à gré, évoquant un retour à des appels d’offres transparents. Pourtant, cette volonté affichée semble loin d’être appliquée. Le maintien des vieilles habitudes est évident, au point que certains observateurs parlent d’un simple changement de discours sans impact réel sur le terrain.
Le cas de la gestion des infrastructures publiques illustre parfaitement cette contradiction. Les contrats signés récemment dans le secteur énergétique et routier montrent que des marchés continuent d’être attribués de manière opaque. « On assiste toujours à des contrats octroyés sans appel d’offres, sous prétexte d’urgence ou de nécessité », soulignait Alain Claude Bilie By Nze, candidat à l’élection présidentielle du 12 avril. Le cas le plus saisissant étant celui d’Ebomaf qui rafle tout sur son passage sans aucune forme de concurrence.
Des pratiques d’un autre âge
En réalité, certaines structures administratives semblent résister aux changements. Des pratiques d’exception deviennent la norme, contournant la réglementation en vigueur. « Nous avons les textes, mais nous ne les appliquons pas. Le problème est structurel », confie un cadre du ministère de l’économie. Cette résistance au changement impacte directement les finances publiques.
Selon des estimations, les surcoûts liés à l’opacité de la passation des marchés se chiffrent à plusieurs dizaines de milliards de fcfa chaque année. D’ailleurs en 2023, ce sont près de 300 milliards de fcfa en gré à gré qui ont été approuvés. Pour le moment, les annonces gouvernementales restent peu suivies d’effets. L’enjeu est pourtant crucial : une réelle réforme pourrait permettre au pays de faire des économies substantielles et d’améliorer la qualité des infrastructures.
Gré à gré : une pratique ancrée
Alors que le gouvernement affirme vouloir renforcer la transparence, la réalité du terrain est tout autre. Le recours au gré à gré reste une pratique ancrée, souvent justifiée par des arguments d’opportunité ou d’urgence. En réalité, ces justifications cachent souvent des pratiques de favoritisme et un manque de rigueur dans la gestion des fonds publics. La récente attribution d’un contrat majeur dans le domaine énergétique sans appel d’offres réel suscite des interrogations. « On nous parle de rupture, mais les mêmes acteurs continuent de contourner les règles », fustige un observateur économique.