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Marchés publics : quand l’Etat reconnaît que le gré à gré est devenu un système organisé et opaque

le coup de coeur

Le constat est brutal : près de 9 marchés publics sur 10 ont échappé à toute mise en concurrence en 2025, lit-on dans le communiqué final du Conseil des ministres de ce vendredi 30 mai 2025. L’État gabonais semble avoir institutionnalisé le gré à gré comme mode de gestion budgétaire. Ce glissement n’est pas une surprise. Il est le produit d’un système où la priorité n’est pas l’efficacité ni la transparence, mais l’attribution rapide et discrétionnaire des ressources. Et tant pis si cela viole le Code des marchés publics. À Libreville, on appelle ça la « gestion pragmatique ».

Gré à gré : un moyen d’accélérer les procédures ?

Ce recours massif à l’entente directe est présenté comme un moyen d’accélérer les procédures, mais il cache surtout une incapacité chronique à planifier et exécuter dans les règles. L’excuse de l’urgence ou de la lenteur des circuits classiques ne tient plus. Il s’agit d’un contournement assumé, où l’informel prime sur le droit, et où la facilité devient le prétexte à toutes les dérives. Le gré à gré, dans ce contexte, n’est plus une faille : c’est une stratégie.

Le gouvernement affirme vouloir corriger le tir. Mais peut-on réellement croire à une réforme quand les chiffres eux-mêmes révèlent une indifférence quasi-totale aux textes en vigueur ? L’article 71 du Code des marchés publics n’est plus appliqué. Il est ignoré. Et les institutions censées le faire respecter ferment les yeux ou se contentent de vœux pieux en Conseil des ministres. Dans un État de droit, ces pratiques seraient sanctionnées. Au Gabon, elles sont institutionnalisées.

De lourdes conséquences pour l’économie

Les conséquences sont multiples : exclusion des entreprises compétentes qui n’ont pas le bon réseau, inflation des coûts, et affaiblissement de la qualité des services livrés. Le tout payé par des finances publiques déjà sous tension. En matière de réforme, la première urgence n’est donc pas technocratique : elle est politique. Il faut avoir le courage de rompre avec des habitudes profondément ancrées, de rendre des comptes, et de publier systématiquement les attributions, les montants, les bénéficiaires.

Tant que ces pratiques perdureront, la rhétorique sur la transparence ne sera qu’un rideau de fumée. Et les Gabonais, eux, continueront de voir leur argent détourné au nom de l’efficacité, alors qu’il s’agit, en réalité, d’un détournement légalement maquillé. Le plus inquiétant dans cette affaire ? C’est que tout le monde semble s’en accommoder.

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