À un mois jour pour jour de l’élection présidentielle de 2025, le climat social s’agite dans les deux piliers économiques du Gabon : le pétrole et les mines. Après les tensions ayant secoué la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), c’est désormais l’Organisation nationale des Employés du Pétrole (ONEP) qui pose un ultimatum au 21 mars 2025, menaçant de paralyser le secteur pétrolier. Face à ces tensions qui touchent les principaux contributeurs aux recettes publiques, le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguéma, se retrouve dans une position délicate, entre arbitrage économique et impératifs politiques, alors que le scrutin approche à grands pas.
Les revendications des travailleurs, bien que spécifiques à chaque secteur, traduisent une exaspération généralisée face à des conditions salariales jugées insuffisantes et des risques accrus sur les sites d’exploitation. Dans le pétrole, les employés dénoncent l’inaction des compagnies et des autorités après l’explosion de la plateforme Bécuna de Perenco en mars 2024, réclamant de meilleures conditions de sécurité et une revalorisation salariale. Dans le secteur minier, la crise récente à Comilog a révélé des tensions similaires, avec une grève suspendue après l’intervention de la présidence, mais dont les revendications restent en suspens. Dans les deux cas, les travailleurs attendent un geste fort du Chef de l’État.
Exposition aux fluctuations mondiales
Si ces crises sociales ne trouvent pas de dénouement rapide, elles pourraient perturber les prévisions économiques de 2025, dans un contexte où l’administration Trump exerce déjà une pression sur le marché des matières premières. Le pétrole et le manganèse, qui représentent l’essentiel des exportations du Gabon, sont tous deux exposés aux fluctuations mondiales et à la concurrence accrue des États-Unis sur le marché énergétique. Une grève généralisée dans ces secteurs ne ferait qu’amplifier la fragilité budgétaire du pays, limitant les marges de manœuvre de l’État et compliquant l’atteinte des objectifs de croissance.
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Pour Oligui Nguéma, l’arbitrage à venir est donc hautement stratégique. D’un côté, céder aux revendications syndicales pourrait apaiser la grogne sociale et envoyer un signal positif aux travailleurs à l’approche du scrutin. Mais d’un autre côté, une pression excessive sur les entreprises minières et pétrolières risquerait de refroidir les investisseurs étrangers, alors que le pays cherche à stabiliser ses finances et à attirer de nouveaux capitaux. Entre satisfaction sociale et préservation du climat des affaires, le Président devra trancher avec une extrême prudence pour éviter que ces tensions ne pèsent sur la campagne électorale.
Arbitre et garant de l’équilibre national
Au-delà des enjeux économiques, ces crises soulignent un enjeu politique majeur : la capacité du président de la Transition à gérer les tensions sociales dans un contexte électoral sous haute surveillance. À un mois du vote, une mauvaise gestion des conflits pétroliers et miniers pourrait renforcer le sentiment de défiance d’une partie de la population et relancer le débat sur la stabilité du pays après la transition. Si un apaisement rapide est trouvé, cela pourrait en revanche conforter Oligui Nguéma dans son rôle d’arbitre et de garant de l’équilibre national. L’issue des négociations des prochains jours pourrait donc peser lourdement sur le climat électoral à l’approche du scrutin.