spot_img

Notre devoir, servir la vérité.

spot_img

Mort tragique de Jhoan Bounda : les défis de la justice gabonaise 

le coup de coeur

Lorsqu’il a pris la tête du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) le 30 août 2023, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema avait suscité de grands espoirs de changement au Gabon. La promesse d’améliorer la gouvernance et de restaurer la confiance dans les institutions était accueillie avec optimisme par une population en quête de renouveau. Surtout après plus de 30 ans de violation flagrante de la loi par les dépositaires de l’autorité publique sous les régimes Bongo père et fils. Parmi les réformes phares annoncées, celles visant à renforcer l’intégrité et la transparence des institutions militaires et judiciaires tenaient une place centrale.

L’enjeu d’une Justice impeccable

L’affaire tragique du décès survenu le 21 décembre dernier du second maître Bounda Jhoan, jeune marin détaché auprès de l’actuel Secrétaire général du ministère de la Défense nationale suscite la polémique. Elle jette également l’opprobre sur les forces armées gabonaises. Le jeune militaire, “conduit dans un service de sécurité militaire pour être entendu après des accusations de vol au domicile de son patron”, selon Radio France internationale (RFI), a été retrouvé mort.

Le service de sécurité en question n’étant autre que le B2. Son cas nécessite donc une enquête approfondie et révèle des contradictions flagrantes dans la gestion et la communication des réformes annoncées par le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. 

Bounda Jhoan a mis en lumière les failles de ce projet ambitieux. Chargées de mener l’enquête, la Direction générale des recherches (DGR) et la Direction générale des services spéciaux (DGSS) manquent elles-mêmes de transparence et d’audits internes crédibles, ce qui met à mal la crédibilité de leurs investigations. Comment ces institutions peuvent-elles garantir une justice équitable alors même qu’elles sont éclaboussées par leurs propres zones d’ombre?

Les limites d’une réforme médiatique

Au-delà des faits, la démarche du CTRI semble davantage s’apparenter à une opération de communication qu’à un véritable projet de réforme en profondeur. Les annonces visant à apaiser l’opinion publique, comme la publication des noms de hauts gradés impliqués, manquent de fondements solides, faute d’audits préalables rigoureux. Surtout que dans ce genre d’affaire le commanditaire est facilement identifiable et aurait dû être arrêté, interrogé et condamné pour avoir ordonné l’interrogatoire musclé qui a entraîné la mort d’un compatriote.

Pour qu’une « justice sans impunité » prenne vie au Gabon, il est impératif pour le CTRI de commencer par auditer ses propres structures. Une réforme efficace passe par un examen introspectif des pratiques internes des organes militaires et judiciaires, réclamant une retouche sérieuse à la source des dysfonctionnements, tel qu’illustré par le cas de Bounda Jhoan.

Rétablir la confiance : la nécessité des audits internes

Les audits internes constitueraient non seulement une démarche probante pour explorer et remédier aux failles systémiques, mais aussi un gage de sincérité des réformes engagées. Cela permettrait de recréer la confiance du public en montrant une rupture claire avec les pratiques du passé, souvent marquées par l’opacité et l’irresponsabilité.

La continuité des anciennes pratiques au sein même de la transition demeure alarmante. Les réformes du CTRI semblent superficielles, se concentrant sur des individus plutôt que de remettre en cause les mécanismes obsolètes de gouvernance. Pour instaurer un véritable État de droit, Brice Clotaire Oligui Nguema et son équipe doivent amorcer des réformes de l’intérieur, en commençant par les institutions sur lesquelles repose toute la structure judiciaire du pays.

Vers une vraie réforme de la justice ?

Le véritable visage du changement repose sur des actions concrètes et ancrées dans la réalité des institutions gabonaises. En misant sur des audits transparents et des réformes crédibles, le CTRI pourrait transformer les promesses de renaissance du Gabon en une réalité tangible et pérenne. Face à ce défi, le temps du changement est plus que jamais arrivé, et avec lui, celui des actions pragmatiques et bien ciblées. Sans quoi, le 30 août n’aura été qu’une blague de mauvais goût pour les Gabonais ayant subi les régimes Bongo. Et comme le disent de nombreux internautes gabonais, « le réveil sera brutal« .

spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img

Derniers Articles