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Nomination d’Henri-Claude Oyima : un cumul controversé et dangereux?

le coup de coeur

La récente nomination d’Henri-Claude Oyima au poste de ministre d’État, ministre de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations, dans le nouveau gouvernement gabonais formé ce 5 mai, suscite de vives préoccupations. Oyima, figure emblématique du secteur bancaire en tant que président-directeur général de BGFIBank depuis plus de quarante ans, se retrouve à la croisée des chemins entre l’arène publique et le monde privé. Sa volonté de maintenir sa position à la tête de cette institution financière soulève des questions pressantes sur la possibilité d’assurer l’intégrité de la gestion publique tout en faisant partie d’une entreprise privée d’envergure.

Le communiqué de BGFIBank a mis en avant la carrière exemplaire d’Oyima, mais a surtout réaffirmé sa double casquette, qui ne fait qu’accroître les craintes d’un potentiel conflit d’intérêts. « Les activités du Groupe demeurent sous la supervision du Président Directeur Général. Nous réaffirmons notre engagement à poursuivre avec détermination notre mission au service de nos clients, partenaires et collaborateurs, dans le respect des standards de bonne gouvernance, de rigueur et de professionnalisme qui font la force et la réputation du Groupe BGFIBank », précise un communiqué du groupe bancaire le jour de sa nomination. Dans un contexte où le ministre doit interagir quotidiennement avec des entités bancaires et gérer des négociations de dette qui pourraient impliquer directement sa propre banque, se pose un dilemme éthique redoutable. La crainte est légitime : comment un homme à la tête d’une vaste institution privée peut-il garantir l’impartialité de ses décisions lorsqu’il s’agit de défendre l’intérêt général ?

Le silence assourdissant et inquiétant des autorités 

Le silence pesant des autorités gabonaises face à cette situation renforce la confusion. Ni le gouvernement, ni la présidence, ni la Commission de transparence de la vie publique n’ont encore pris position concernant ce cumul de fonctions exceptionnel. Dans un pays engagé dans une refondation politique marquée par des promesses de transparence et de bonne gouvernance, la présence d’Oyima à la tête d’un ministère clé et d’une institution bancaire constitue une impasse insidieuse. Les Gabonais, déjà en quête de réformes significatives, se retrouvent face à un exécutif ombrageux, laissant planer des doutes sur les véritables intentions derrière cette nomination.

Aux yeux de nombreux observateurs, cet épisode met en lumière une situation alarmante où les anciennes habitudes de collusion entre le capital et le pouvoir pourraient ressurgir. L’absence de réaction de la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) ainsi que des bailleurs internationaux amplifie l’inquiétude. Dans un climat de méfiance, la gestion des affaires publiques ne peut se permettre d’être empreinte de division entre intérêts privés et prérogatives publiques.

Une équation difficile à résoudre ?

Henri-Claude Oyima semble résolu à brandir les deux leviers du pouvoir avec détermination. Toutefois, cette dualité de fonctions pourrait rapidement se révéler un fardeau insoutenable. La pression pourrait non seulement émaner des citoyens, mais également de la communauté internationale, tous désireux d’un Gabon qui cherche à mettre fin aux pratiques de favoritisme et de népotisme. La montée de l’opinion publique, toujours plus vigilante face à l’éthique des dirigeants, pourrait inciter au changement.

La nomination d’Oyima est révélatrice des défis qui attendent le nouveau gouvernement gabonais et la Ve République. Il s’agit d’un test crucial pour démontrer sa capacité à gérer la frontière fine entre l’économie et la politique. Alors qu’il navigue dans ces eaux troubles, la transparence et l’intégrité seront les pierres angulaires sur lesquelles reposera la future crédibilité du Gabon. L’avenir politique et économique du pays se joue désormais sur la capacité de ses dirigeants à rompre avec les logiques de conflit d’intérêts et à engager une véritable rupture avec le passé.

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