L’agence de notation Fitch vient d’abaisser la note souveraine de la France à A+, sanctionnant l’incapacité du pays à stabiliser ses finances publiques et sa « fragmentation politique ». Selon Fitch, le déficit public ne pourra probablement pas descendre sous les 3% du PIB en 2029, la dette continuera de croître et le système politique français est jugé trop instable pour mener une consolidation budgétaire sérieuse. Une situation qui illustre à quel point même une grande puissance peut être fragilisée lorsqu’elle refuse de faire face à la réalité de son endettement.
La France, avec une dette atteignant 113,9% du PIB fin mars 2025 et un déficit attendu à 5,4%, est désormais dans une situation où le moindre faux pas budgétaire pourrait alourdir le coût du financement de l’État. Fitch note que le blocage politique risque de persister après l’élection présidentielle, laissant peu d’espoir de redressement rapide. La perspective stable attachée à cette note masque mal le message. La trajectoire des finances publiques françaises est préoccupante et les marchés commencent à anticiper des coûts d’emprunt plus élevés.
Face à ce constat, le contraste avec le Gabon est d’autant plus saisissant. Le gouvernement, malgré une dette en constante hausse, semble ignorer l’ombre des agences de notation et des institutions internationales. Le gouvernement gabonais continue de minimiser l’impact du surendettement et, plus encore, annonce un taux de croissance de 7,8% hors pétrole en 2026, défiant les prévisions prudentes de la Banque mondiale, de la BAD et du FMI. Là où Paris est contraint par la rigueur budgétaire et les doutes des investisseurs, Libreville choisit de jouer la carte de la confiance et de la planification stratégique.
Cette approche audacieuse masque cependant des risques considérables. Comme en France, un endettement élevé peut limiter la marge de manœuvre du gouvernement gabonais si les recettes attendues ne se matérialisent pas. Mais à la différence de la métropole, le Gabon parie sur ses ressources stratégiques et ses projets d’infrastructure pour soutenir sa croissance, notamment dans le secteur minier et énergétique, là où la France peine à mobiliser ses leviers économiques face à un système politique paralysé par les divisions.
Si la France se retrouve sanctionnée pour avoir ignoré ses fragilités financières et politiques, le Gabon s’expose volontairement à un pari pour le moins audacieux. Le surendettement ne tue pas instantanément, mais il peut transformer la moindre erreur en crise majeure. Oligui et son gouvernement semble défier les pronostics… mais sans en mesurer les conséquences.