En prônant le « vivre ensemble » devant toutes les confessions religieuses, Brice Clotaire Oligui Nguema ne s’attendait sans doute pas à ce que ses paroles lui reviennent comme un boomerang. « Le vivre ensemble n’est pas une option mais un idéal commun », déclarait-il, insistant sur la nécessité d’un Gabon où « chaque citoyen a sa place ». Un message de concorde qui, à un mois de la présidentielle, entre en contradiction avec le sort réservé à Hervé Patrick Opiangah, toujours contraint à l’exil.
Ce nouvel épisode de l’affaire Opiangah remet en lumière les paradoxes de la transition. Comment justifier l’exclusion d’un homme dont les entreprises ont fait vivre des milliers de Gabonais, alors même que le chef de l’État se veut garant de la réconciliation nationale ? À Mounana, fief politique et économique d’Hervé Patrick Opiangah, la grogne monte, et les habitants n’ont pas manqué d’interpeller Oligui Nguema lors de sa visite. L’embarras était d’ailleurs palpable.

Difficile désormais pour le président-candidat d’esquiver la question. Le retour d’Opiangah au Gabon devient un test grandeur nature de sa sincérité. Acceptera-t-il de laisser rentrer son ancien ministre et rival politique sans crainte de représailles ? Ou préférera-t-il maintenir un statu quo risqué, au prix d’une crédibilité déjà fragilisée par d’autres dossiers sensibles ?
Alors que la campagne électorale entre dans sa dernière ligne droite, l’affaire Opiangah s’impose comme un enjeu majeur. Plus qu’un simple contentieux politique, elle pose une question fondamentale : Oligui Nguema est-il prêt à traduire ses engagements en actes, ou ses appels au vivre ensemble ne sont-ils qu’un discours de circonstance ?