Le Gabon semble jouer sur deux tableaux dans sa gestion du secteur pétrolier. D’un côté, le gouvernement prolonge les licences d’exploitation de compagnies étrangères, comme en témoigne l’extension jusqu’en 2046 des licences accordées à Tullow Oil en août 2023 et plus récemment à Total Energie. De l’autre, il accélère la nationalisation des actifs pétroliers, notamment avec le rachat d’Assala Energy en juillet 2024.
Cette double approche soulève des interrogations quant à la cohérence de la politique énergétique nationale. Pourquoi renouveler les contrats de sociétés étrangères tout en cherchant à renforcer le contrôle étatique sur les ressources pétrolières ? Cette stratégie hybride reflète-t-elle une transition progressive vers une souveraineté énergétique totale ou une réponse pragmatique aux défis économiques immédiats ?
Les prolongations de licences peuvent être perçues comme une volonté d’assurer une stabilité des investissements et de maintenir des partenariats stratégiques. Cependant, elles peuvent également retarder l’objectif de nationalisation complète du secteur. À l’inverse, les acquisitions telles que celle d’Assala Energy témoignent d’une ambition de reprise en main des ressources nationales, mais posent la question des capacités financières et techniques de la Gabon Oil Company (GOC) pour gérer efficacement ces actifs.
En outre, cette stratégie peut avoir des implications sur la perception du Gabon par les investisseurs internationaux. Une politique claire et cohérente est essentielle pour attirer et maintenir des investissements étrangers tout en poursuivant des objectifs de souveraineté nationale. Le Gabon navigue entre coopération internationale et nationalisation dans le secteur pétrolier. Une clarification de sa stratégie à long terme serait bénéfique pour aligner les actions gouvernementales avec les objectifs de développement économique et énergétique du pays.