L’accord conclu en 2024 entre la Gabon oil company (GOC) et le négociant suisse Gunvor pour l’acquisition d’Assala Energy a marqué un tournant stratégique pour le Gabon. Cette opération a permis à la GOC de prendre le contrôle d’Assala Energy, une entreprise produisant environ 45 000 barils de pétrole par jour, renforçant ainsi la souveraineté pétrolière du pays. Toutefois, cette acquisition a également suscité des remous en interne, notamment au sein de Gunvor.
Des tensions palpables
Selon Africa Intelligence, Stéphane Degenne, codirecteur du trading pétrolier chez Gunvor, a récemment pris une retraite anticipée. Plusieurs sources internes suggèrent que son départ serait lié à l’accord avec la GOC, une version que la société suisse réfute officiellement. Cette situation met en lumière les tensions qui peuvent émerger lorsque des intérêts nationaux et des stratégies commerciales internationales s’entremêlent.
En parallèle, le Gabon a poursuivi sa politique de nationalisation du secteur pétrolier. En février 2024, l’État gabonais a acquis les 30% que Vivo Energy détenait dans la Société gabonaise d’entreposage des produits pétroliers (SGEPP). Plus récemment, la GOC a finalisé le rachat des actifs de Tullow Oil pour 181 milliards de fcfa, renforçant ainsi son emprise sur le secteur. Ces initiatives témoignent de la volonté du Gabon de maximiser les retombées économiques de l’exploitation de ses ressources en réduisant sa dépendance aux multinationales étrangères.
Gestion efficace des actifs de l’Etat gabonais
Cependant, ces acquisitions soulèvent des questions quant aux capacités réelles de l’État gabonais à gérer efficacement ces actifs. Un an après la prise de contrôle d’Assala Energy, la société reste sans direction, le gouvernement peinant à attirer des gestionnaires capables de gérer les nouveaux actifs acquis. De plus, les investissements dans les actifs pétroliers exploités par Assala Energy ont été réduits au strict minimum depuis leur acquisition par la compagnie nationale, ce qui pourrait entraîner une baisse de la production.
Ces défis posent la question de la viabilité à long terme de la stratégie de nationalisation du Gabon. Si l’objectif de renforcer la souveraineté énergétique est louable, il est essentiel que l’État dispose des compétences techniques et managériales nécessaires pour assurer une gestion efficace et rentable des actifs pétroliers. Sans une telle expertise, le risque est que ces acquisitions, bien que stratégiques sur le papier, ne produisent pas les bénéfices escomptés pour l’économie gabonaise.