Le Gabon pourrait bientôt accueillir sa première usine de recyclage des déchets plastiques, à l’initiative du groupe canadien Corsair Group International. Reçu en audience le 17 juin 2025 par le ministre de l’Industrie, Lubin Ntoutoume, le vice-président du groupe, Liaquat Khurram, a présenté les contours d’un projet industriel ambitieux visant à transformer les déchets plastiques en ressources valorisables. Ce projet pilote, qui serait une première sur le continent africain selon ses promoteurs, pourrait positionner le Gabon comme un acteur pionnier de l’économie circulaire en Afrique centrale.
Dans un pays où la gestion des déchets reste largement informelle, l’installation d’une telle usine pourrait répondre à un double enjeu : sanitaire et économique. Libreville, Port-Gentil et les grandes villes du pays croulent sous des tonnes de déchets plastiques non collectés ou mal traités, qui finissent dans les cours d’eau ou à ciel ouvert. En créant une filière de traitement structurée, Corsair ambitionne non seulement de réduire cette pollution, mais aussi de générer de nouveaux débouchés industriels, notamment dans la fabrication de matériaux recyclés pour le bâtiment, l’emballage ou les infrastructures routières.
Ce projet s’inscrit dans la stratégie environnementale du gouvernement gabonais, qui promeut de plus en plus les investissements verts. La loi sur la gestion durable des déchets, adoptée en 2022, prévoit des incitations fiscales pour les entreprises opérant dans le secteur du recyclage, ainsi qu’un cadre réglementaire pour l’économie circulaire. Toutefois, les obstacles ne manquent pas : absence de tri sélectif, faibles capacités logistiques, et manque de données fiables sur la production de déchets ménagers et industriels. Sans une réforme structurelle de la collecte et de l’amont de la chaîne, le succès d’une usine de recyclage industrielle pourrait rester partiel.
Au-delà de la promesse écologique, le projet porte un fort potentiel de création d’emplois locaux et de transfert de compétences. Corsair Group entend former des techniciens gabonais aux techniques modernes de recyclage et nouer des partenariats avec les collectivités locales et les PME. Le modèle envisagé repose sur une chaîne intégrée : collecte, traitement, transformation, distribution. Alors que la pollution plastique est devenue un fléau planétaire, le Gabon pourrait transformer une contrainte en opportunité.
