C’est un imbroglio judiciaire qui interroge gravement le fonctionnement de l’appareil judiciaire gabonais. Le président de l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS), Hervé Patrick Opiangah, est poursuivi depuis sept mois dans une affaire qui, fait rarissime, aurait été enclenchée avant même le dépôt officiel de la plainte à son encontre. Une anomalie de procédure qui soulève une question fondamentale au sein de l’UDIS : sur quelle base légale le parquet a-t-il agi ?
Selon l’arrêt du 8 mai 2025 rendu par la Chambre d’accusation et les constats d’huissier produits par la défense, la plainte de Lucie Biloghe n’a été déposée que le 25 novembre 2024. « Voilà, la confirmation de l’enregistrement de la plainte de Dame Lucie BILOGHE, le 25 novembre 2024 et non le 14 novembre 2024, comme l’avait déclaré le Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance de Libreville Bruno OBIANG MVE, en commettant un parjure, au journal télévisé de 20h de la 1ère chaîne nationale, le 13 décembre 2024 », déclare le porte-parole de l’UDIS. Pourtant, les poursuites ont été lancées dès le 20 novembre, soit cinq jours plus tôt. Dans ce laps de temps, le Président de l’UDIS avait déjà reçu une convocation de la Police judiciaire et son domicile avait fait l’objet d’une descente musclée.

Cette chronologie qui laisse perplexe interroge : le procureur aurait donc enclenché des poursuites sans fondement formel, sans requête préalable d’une partie plaignante, en violation directe de l’article 85 du Code de procédure pénale comme l’ont fait savoir ses avocats. L’initiative du parquet, dans ce contexte, pourrait relever de l’abus de pouvoir, de la persécution ciblée, voire d’une manipulation politique de l’appareil judiciaire. « Cette procédure, viciée de bout en bout, repose sur le parjure, le faux en écriture, l’illégalité et la préméditation. […] Nous sommes d’avis que nul ne peut être au-dessus de la loi et que « nul n’est censé ignorer la loi ». Nous avons tous des droits et des obligations vis-à-vis de la société. Nous sommes tous gabonais. Nous interpellons les magistrats qui ont prêté serment de remplir leurs fonctions avec indépendance, impartialité et humanité », rappelle l’UDIS.
Un tel précédent est alarmant pour la justice gabonaise. Il crée un dangereux précédent où n’importe quel citoyen pourrait être inquiété, interrogé ou même incarcéré sans qu’aucune plainte ne soit légalement déposée. En démocratie, le pouvoir judiciaire doit être le dernier rempart de la légalité, non une arme au service d’intérêts obscurs. Cette même démocratie que les nouveaux dirigeants entendent pourtant protéger. L’UDIS, dans une énième tentative de rétablir les faits, appelle à un sursaut républicain. Ce procès, vicié dès son origine, doit être interrompu au nom du droit, de la justice et de la paix civile, rappelle la formation politique chère à Hervé Patrick Opiangah. L’État de droit ne se construit pas sur le vide juridique, encore moins sur la fabrication de charges a posteriori. A charge aux autorités d’en prendre bonne note.