L’annonce de l’arrivée imminente de 417 taxis à Libreville s’est répandue comme une traînée de poudre au Gabon. Un geste fort du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, visant à « gaboniser » le secteur du transport et à autonomiser les chauffeurs locaux. Cependant, cette initiative est-elle véritablement un moteur de changement ou une répétition des promesses passées non tenues?
Pour devenir l’un des heureux bénéficiaires, il faut répondre à des critères clairs. Il faut « être de nationalité gabonaise, être âgé de 21 à 60 ans, être titulaire d’un permis B, C ou D et apporter une caution de 1,100 million de FCFA », a assuré Puanne Paulin Moussounda, directeur général du Pôle national de promotion de l’emploi (PNPE). Un montant relativement élevé pour de nombreux candidats potentiels, ce d’autant plus que l’on ne sait pas combien chaque chauffeur devra rembourser par mois avant l’acquisition définitive du véhicule.
Quelle rentabilité pour les chauffeurs ?
La question de la rentabilité pour les chauffeurs se pose, d’autant plus que le ministre des Transports, de la marine marchande et de la Mer, le capitaine de vaisseau Dieudonné Loïc Ndinga Moudouma, a souligné que le gouvernement ne vise pas le profit et que le bateau qui transporte les taxis est à quelques jours du port d’Owendo avec la cargaison.
Par ailleurs, les souvenirs d’un projet similaire en 2022 sont encore frais. À l’époque, le programme « un taxi, un emploi, un avenir » lancé en avril 2022 par le même PNPE sous le régime déchu avait été pointé du doigt pour des pratiques jugées capitalistes. Les jeunes chauffeurs, espérant un emploi stable, avaient rapidement été confrontés à des conditions de travail qui ont dégradé leur moral et leur revenu. L’absence de repos hebdomadaire et un salaire qui s’est évaporé ont transformé l’espoir en désillusion.
Vers un changement de cap ?
Aujourd’hui, alors que le projet est relancé sous une nouvelle administration, la suspicion demeure. Les Gabonais se demandent si ce renouveau est un véritable changement de cap ou simplement du vent politique à l’approche du référendum et de la prochaine présidentielle qui pourrait avoir lieu avant mai 2025. Le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) est attendu au tournant pour démontrer que cette nouvelle tentative ne tombera pas dans les pièges du passé. Il s’agit de montrer que ce projet est, enfin, une initiative réellement tournée vers le bien-être et l’indépendance des chauffeurs gabonais. Le temps dira si ces 417 taxis seront vraiment le symbole d’un avenir meilleur.