La tenue le 12 avril prochain de l’élection présidentielle au Gabon, va marquer un point d’ancrage au nouveau paysage politique et démocratique de l’Histoire du Gabon. L’avènement de la Transition, la réécriture de la constitution et le remodelage du code électoral élaboré lors de cette période d’exceptionnalité politique, ont permis de mettre en place les jalons d’une nouvelle gouvernance du pays. A l’issue d’une période de deux années de Transition, le Gabon renoue avec le jeu des élections par le biais d’une élection présidentielle. Les noms des principaux adversaires étant déjà connus. Il s’agit d’Alain Claude Bilie-By-Nze, de Brice Clotaire Oligui Nguema, de Joseph Lapensée Essingone et de Stéphane Germain Iloko Boussengui.
La désillusion des forces et acteurs politiques traditionnelles
Devrait-on s’attendre à voir des nouveaux visages émergés de la scène politique gabonaise à l’issue de la période pré- électorale qui bat son plein ? La réponse est affirmative car le contexte politique n’est plus le même qu’il y a quatre ans. En effet, les forces composantes de l’ancien système politique ont presque disparu de la scène après le « Coup de force » intervenu lors des évènements du 30 août 2023. Le Parti démocratique gabonais (PDG), ancien mastodonte politique entre-temps devenu terreau des rivalités fratricides, ne résiste plus au vent du renouveau démocratique. Il paie le tribut de sa gestion aléatoire du pays durant des décennies.
L’exclusion et la mise à l’écart des anciens ténors tels qu‘Ali Bongo Ondimba, président déchu et d’autres anciens hiérarques n’a pas réglé la tentative de régénérescence organisée lors du treizième congrès extraordinaire du parti le 30 janvier dernier. L’on déplore tout de même l’absence d’une candidature de femme ou de jeune pour cette première élection post-transition.
Inversement des dynamiques entre acteurs
L’un des acteurs de la scène politique issu de l’ancien Parti au pouvoir, Alain Claude Bilie-By-Nze a muté vers la dynamique contraire aux fonctions qu’il occupait il y a trois ans. L’ancien Premier ministre d’Ali Bongo en rupture idéologique avec les anciens “camarades” s’est mué en un opposant farouche de la Transition. Il a même créé le mouvement Ensemble pour le Gabon (EPG) pour tenter de contrecarrer les réformes institutionnelles du pouvoir militaire, répétant que ces derniers n’ont pas vocation à diriger un pays, mais à le protéger.
A l’inverse, plusieurs acteurs de l’opposition à l’ancien régime ont rejoint le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) dirigé par le général-candidat Brice Clotaire Oligui Nguema. Il s’agit de ceux issus de la plateforme Alternance 2023, notamment Raymond Ndong Sima, actuel Premier ministre de la Transition, Alexandre Barro Chambrier, vice-Premier ministre et François Ndong Obiang, premier vice-président de l’Assemblée nationale, pour ne citer que ceux- là.
L’arrivée des “outsiders“ politiques dans la course
La transition gabonaise a sans doute occasionné l’émergence des nouveaux acteurs politiques. Le premier d’entre eux, Brice Clotaire Oligui Nguema, passé des rangs des hauts gradés militaires à civile après avoir fait sa déclaration de candidature à l’élection présidentielle le 3 mars dernier. Viennent ensuite des figures non moins connues de la scène politique gabonaise et qui dans la foulée de l’élection présidentielle ont officialisé leurs candidatures face à Oligui Nguema. C’est le cas de Joseph Lapensée Essingone et Stéphane Germain Iloko Boussengui. Mais qui sont-ils ? Nous y reviendrons.