Le projet « Bâtissons l’édifice nouveau » de Brice Clotaire Oligui Nguéma reconnaît que « notre système hospitalier est inégalitaire, saturé dans les grands centres et délaissé en périphérie ». Il propose de réhabiliter les CHR (Centres hospitaliers régionaux), d’augmenter le plateau technique et de favoriser les partenariats avec le secteur privé. Cette volonté de modernisation est louable, mais elle suppose des moyens conséquents.
Durant la transition, plusieurs audits des hôpitaux publics ont été lancés, notamment à Libreville et Port-Gentil, et un effort a été entrepris pour réapprovisionner certaines pharmacies hospitalières. Mais la réhabilitation effective reste lente. L’hôpital de Melen, emblématique des défaillances du système, illustre les retards accumulés : manque d’équipements, personnel découragé, mauvaise gouvernance.
Le projet « Bâtissons l’édifice nouveau » ne dit rien de la gouvernance hospitalière : pas de réforme du statut des directeurs, pas de mécanisme de performance ou d’indépendance budgétaire évoqué. Il ne traite pas non plus de la fuite des spécialistes vers le privé ou l’étranger. Pourtant, sans incitations claires, les CHU continueront à se vider de leurs compétences.
Comparé à d’autres pays, le Gabon a un niveau de dépenses publiques de santé élevé (près de 5,8 % du PIB), mais mal alloué. Le Maroc, par exemple, a instauré des agences régionales autonomes pour mieux gérer les hôpitaux en fonction des réalités locales. Le projet « Bâtissons l’édifice nouveau » ne propose pas d’innovation structurelle de ce type.
En définitive, la volonté de réhabiliter le système hospitalier est affichée, mais sans réforme de gestion, ni contractualisation, ni transparence budgétaire, les milliards investis risquent de ne pas corriger le déséquilibre structurel entre le centre et la périphérie. Brice Clotaire Oligui Nguema fait le pari de réussir si les Gabonais lui accordent le suffrage universel.