À une quinzaine de kilomètres de Ntoum, le projet hydraulique Mbomo incarne la nouvelle promesse de la SEEG pour résorber le déficit chronique en eau potable qui touche Libreville et ses environs. La phase 1, financée à plus de 28 milliards de fcfa, prévoit une station de traitement de 35000 m³/jour et une canalisation de 800 mm déjà posée, censée être prolongée jusqu’à Libreville en 1200 mm. À terme, la production devrait atteindre 70000 m³/jour. Mais si les chiffres sont impressionnants, la réalité est que les habitants continuent d’attendre, alors même que les précédents engagements n’ont pas toujours été suivis d’effets concrets.
La SEEG multiplie les accords et partenariats
Les responsables du projet assurent que « la canalisation est quasiment posée » et qu’il ne reste que des raccordements pour finaliser l’ouvrage. Pourtant, le constat est le même, et ce, même depuis le lancement officiel de la station du PK5 par le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguéma. À chaque annonce de la SEEG, les délais s’allongent et la mise en service tarde, laissant planer le doute sur la capacité à livrer dans les temps. D’autant que Libreville a déjà connu plusieurs chantiers hydrauliques présentés comme des solutions définitives, sans que la desserte en eau ne s’améliore durablement pour les ménages.
Depuis deux ans, la SEEG multiplie les accords et partenariats pour moderniser le secteur. Le plus emblématique reste celui signé en avril 2025 avec SUEZ, pour 200 millions d’euros (131 milliards de fcfa). Ce partenariat, censé professionnaliser la gestion de l’eau au Gabon et impliquer des PME locales à hauteur de 60 millions d’euros (38 milliards de fcfa), s’ajoute aux forages et extensions de réseaux réalisés depuis 2023. Mais malgré ces investissements lourds, le quotidien des usagers demeure marqué par les coupures et les rationnements. La question qui se pose est de savoir où se situe le véritable blocage, dans le financement, l’exécution technique ou la gouvernance du secteur?
Projet Mbomo : une réponse structurelle
Les crises hydriques de 2023 en sont l’illustration parfaite. Faute de capacité suffisante, la SEEG avait instauré un programme d’alimentation alternée dans le Grand Libreville, complété par des camions-citernes. Cette gestion d’urgence révélait la fragilité d’un système qui repose encore sur des infrastructures vieillissantes. Même après les réparations menées sur les conduites DN1000 et DN1200, la vulnérabilité du réseau reste palpable, posant la question de la maintenance régulière et de la durabilité des investissements engagés.
Ce projet Mbomo est présenté comme une réponse structurelle aux besoins de près de 115000 habitants, mais il s’inscrit dans une longue série de promesses jamais totalement abouties. Libreville a certes besoin de nouveaux volumes d’eau, mais elle a surtout besoin de fiabilité et de continuité de service. Tant que la SEEG n’aura pas démontré sa capacité à transformer des milliards investis en un accès stable et équitable à l’eau potable, les habitants resteront sceptiques, oscillant entre espoir et désillusion.