Fred Ntoutoume Ndong Obiang a officiellement pris ses fonctions de Coordonnateur national du Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC) le 3 mars 2025. Doté d’une expérience de 14 ans dans le financement du développement, il sera chargé d’assurer la mise en œuvre et le suivi de ce programme phare du Plan national de développement pour la transition (PNDT). Le PUDC vise à améliorer les conditions de vie des populations vulnérables, notamment en milieu rural, en facilitant l’accès aux services essentiels et aux infrastructures de base.
Gestion et efficacité
Pour concrétiser ses ambitions, le programme bénéficie d’un financement conséquent dépassant les 215 milliards de fcfa. Un accord de financement de 120 milliards de fcfa a été signé le 16 septembre 2024, auquel s’ajoute un emprunt de 98,4 milliards de fcfa contracté auprès de Cargill Financial Services International, Inc. Par ailleurs, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) avait déjà annoncé un soutien de 117 milliards de fcfa en avril dernier. Une enveloppe financière importante qui soulève des interrogations sur la gestion et l’efficacité de son exécution.
Le financement du PUDC apparaît particulièrement élevé en comparaison avec des initiatives similaires en Afrique. Au Sénégal, un programme de développement communautaire d’envergure a été mis en place avec un budget de 60 milliards de fcfa, soit près de quatre fois moins que le PUDC gabonais, alors même que le pays compte une population rurale bien plus importante. Cette disproportion interroge sur la justification des montants engagés et la capacité du gouvernement à garantir un retour sur investissement efficace pour les populations concernées.
Soutenabilité de la dette publique
Le choix du financement pose également la question de la soutenabilité de la dette publique gabonaise, qui dépasse déjà les 8000 milliards de fcfa, soit plus de 70 % du PIB, bien au-dessus des critères de convergence de la CEMAC. L’accumulation d’emprunts extérieurs fragilise davantage les finances publiques, surtout si les résultats du PUDC ne sont pas à la hauteur des sommes mobilisées. L’exemple du Fonds d’Initiatives Départementales (FID), lancé sous Ali Bongo et qui n’a pas tenu ses promesses malgré des investissements importants, rappelle que l’efficacité d’un programme ne se mesure pas uniquement à l’ampleur de son financement.
Alors que Fred Ntoutoume Ndong Obiang prend la tête du PUDC, l’enjeu principal sera d’assurer une gestion rigoureuse et transparente des fonds alloués. Une exécution déficiente ou opaque risquerait de transformer cette initiative en une nouvelle source d’endettement inutile, sans impact réel sur les conditions de vie des populations. À l’heure où la transition cherche à restaurer la confiance et la stabilité économique, la réussite du PUDC dépendra de la capacité des autorités à démontrer une gestion efficace et à éviter les écueils des précédents programmes sociaux du pays.