C’est une posture qui marque une rupture décisive et définitive avec son ancien parti, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), Alain-Claude Bilie-By-Nze a annoncé, de manière quasi insidieuse, sa démission, tout en adressant un sévère « carton rouge absolu » au projet de révision constitutionnelle proposé par le pouvoir. Cette décision intervient après des mois de tensions internes au sein du PDG, dont l’ancien Premier ministre a pris ses distances, dénonçant un texte qu’il juge profondément inadapté et dangereux pour l’avenir du Gabon.
Le projet constitutionnel, selon Bilie-By-Nze, est gravement mal conçu, comportant de nombreuses irrégularités matérielles. Il critique une série d’articles qui, selon lui, sont mal formulés et conduisent à un renvoi insensé de l’ordre institutionnel du pays. En particulier, il déplore le manque de références au passé commun de la nation gabonaise, un passé pourtant riche et qui devrait être intégré dans toute réflexion constitutionnelle digne de ce nom. Ce texte, affirme-t-il, « semble ignorer délibérément les leçons de l’histoire et les valeurs fondamentales du peuple gabonais« .
Mais ce qui est encore plus préoccupant pour l’ex-membre du gouvernement, c’est la concentration du pouvoir qui se profile. Le projet propose un régime « hyper-présidentialiste« , un concept qu’il juge dangereux, ouvrant la voie à des dérives autoritaires et à une concentration excessive des pouvoirs entre les mains d’un seul individu. Bilie-By-Nze va encore plus loin en avertissant que ce système serait encore pire que celui instauré sous Ali Bongo Ondimba, un pouvoir qu’il décrit comme déjà marqué par de profondes dérives.
Dans sa prise de position, l’ancien Premier ministre se distingue également en affirmant que le PDG, qu’il considère désormais comme son « ancien parti« , a radicalement changé. Selon lui, les positions du PDG sont désormais diamétralement opposées aux siennes, en particulier concernant la réforme constitutionnelle. Cette démission, bien que discrète, marque symboliquement la fin de son engagement avec un parti dont les valeurs et la vision ne correspondent plus à sa propre conception de l’avenir du Gabon. Même si de nombreux Gabonais ont du mal à croire à un changement radical de celui qui défendait le régime déchu becs et ongles, il y a encore quelques mois, ce dernier dit avoir toujours pris ses décision dans l’intérêt de la République.
Bilie-By-Nze ne se contente pas de critiquer, il se positionne parmi les rares figures politiques gabonaises à avoir opposé un refus catégorique au projet constitutionnel, aux côtés d’autres personnalités de l’opposition telles qu’Albert Ondo Ossa, Dr Jean Victor Mouang Mbading, Pierre Claver Maganga Moussavou, Hervé Patrick Opiangah ou Dr Mounanga. Ensemble, ils forment un front de résistance face à ce qu’ils perçoivent comme une menace pour la démocratie et l’équilibre des pouvoirs au Gabon. Ces leaders politiques incarnent ainsi un courage politique rare dans un contexte où la majorité des acteurs politiques semble plus préoccupée par leurs intérêts immédiats que par le bien-être durable de la nation.
