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Référendum 2024 : le rôle insidieusement limité de l’État dans la garantie du droit au travail 

le coup de coeur

L’absence d’une garantie explicite du droit au travail dans la révision constitutionnelle gabonaise témoigne d’une vision pragmatique mais potentiellement déresponsabilisante de l’État. En effet, en ne s’engageant pas directement à garantir un emploi pour chaque citoyen, l’État choisit de se positionner comme un acteur indirect de la création d’emplois. Au lieu d’assumer une responsabilité active dans l’offre d’emplois, il se contente de poser les bases d’un environnement propice à l’emploi, notamment à travers des politiques économiques et des investissements dans les infrastructures. Cette approche repose sur l’idée que le marché, via les mécanismes de l’offre et de la demande, réglera en grande partie la question du chômage, sans intervention directe de l’État. Or, l’économie peu diversifiée dont dispose le pays est loin de favoriser une économie de marché. 

Dans cette logique, l’État se décharge de l’obligation de garantir un emploi à chaque citoyen, estimant que c’est aux forces économiques – principalement les entreprises privées – de créer les emplois. Le rôle de l’État devient donc celui d’un facilitateur, dont l’action principale consiste à maintenir un climat économique favorable, en promouvant des réformes fiscales, des incitations à l’investissement et en soutenant certains secteurs porteurs d’emplois. Toutefois, cette approche laisse de côté les populations les plus vulnérables, notamment les jeunes, qui risquent de se retrouver sans solutions concrètes face à des taux de chômage élevés.

Responsabilité de l’État diluée

Un tel modèle d’organisation du marché du travail, qui met l’accent sur la liberté d’entreprendre et la dynamique de croissance économique, pourrait négliger les réalités d’une société où la demande de travail est bien plus élevée que l’offre d’emplois. L’État, en s’abstenant de garantir un emploi pour tous, pourrait ainsi voir sa responsabilité diluée, notamment lors de périodes économiques difficiles où l’accès au travail devient encore plus restreint. La crise économique, par exemple, pourrait être invoquée comme une excuse légitime pour justifier un taux de chômage élevé, sans que l’État soit tenu de prendre des mesures exceptionnelles pour y remédier.

Le flou autour de cette question essentielle entraîne également une absence de filet de sécurité pour les citoyens les plus fragiles. En cas de crise, comme cela a pu être observé dans d’autres pays, l’absence d’engagement formel de l’État à garantir le droit au travail peut l’amener à adopter une position défensive. En d’autres termes, au lieu de s’engager dans des politiques de soutien actif à l’emploi, comme des programmes de réinsertion ou de création d’emplois publics, l’État se contenterait d’attendre une reprise économique spontanée, tout en laissant les plus vulnérables à la merci du marché.

Danger du chômage structurel

Cette absence de garantie explicite du droit au travail peut également renforcer les inégalités structurelles sur le marché du travail. Dans un contexte où les jeunes peinent déjà à accéder à un premier emploi, cette approche pourrait exacerber leurs difficultés, créant ainsi un fossé entre ceux qui bénéficient des opportunités offertes par un marché du travail dynamique et ceux qui en sont exclus. Le risque est de voir les jeunes, particulièrement ceux issus de milieux défavorisés, se retrouver dans une situation de chômage structurel, sans l’accompagnement nécessaire de l’État pour faciliter leur insertion professionnelle.

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