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Référendum 2024 : l’opportunisme politique du Dr Yaba du Samu social gabonais

le coup de coeur

Le Dr Wenceslas Yaba, responsable du Samu Social et conseiller spécial du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a récemment pris position en faveur de l’adoption d’une «Constitution Humanitaire» qui mettrait l’accent sur des valeurs de solidarité, d’accès aux soins, et de dignité humaine. Si ses propos sont empreints de nobles idéaux, ils soulèvent toutefois de sérieuses interrogations, d’autant plus qu’ils sont portés par une personnalité qui occupe une double fonction à la fois humanitaire et politique. Cette situation crée un climat d’ambiguïté et de doute quant à ses motivations réelles.

Le Samu Social, sous la direction de Dr Yaba, joue un rôle crucial dans l’aide d’urgence, notamment auprès des populations vulnérables : sans-abris, personnes âgées, handicapées, et malades en besoin immédiat de soins. Cependant, Dr Yaba semble vouloir dépasser ce cadre d’intervention pour faire de son organisation un symbole central dans une révision constitutionnelle humanitaire. Cette vision humanitaire, bien que séduisante en surface, masque une réalité bien plus complexe.

En effet, l’idée d’une «Constitution Humanitaire» soulève un certain nombre de questions : peut-on vraiment bâtir un modèle de gouvernance sur des principes humanitaires sans une réforme structurelle du système politique et des institutions publiques ? Si Dr Yaba met un accent sur la solidarité, il semble oublier que la politique sanitaire et sociale nécessite bien plus qu’un simple idéal constitutionnel. Elle exige des actions concrètes, des investissements à long terme, et des réformes ambitieuses au niveau des infrastructures, de l’accès aux soins, et de la formation du personnel médical.

Le Samu social : une institution d’urgence, pas un outil politique

En tant qu’acteur d’urgence, le Samu Social n’est pas conçu pour être un pilier central du système de santé ou de la politique publique. Dr Yaba devrait plutôt se concentrer sur l’amélioration des services sociaux dans leur ensemble, à travers une meilleure répartition des ressources et une gestion plus efficace des structures sanitaires. Son rôle est d’assister les populations en situation de crise, mais non de se substituer à l’État ou d’assumer une responsabilité qu’il n’est pas en mesure de remplir : celle de réformer le système de santé ou d’assurer une couverture universelle pour tous.

Une opportunité politique à saisir ?

Ce qui interroge davantage, c’est la position de Dr Yaba en tant que conseiller spécial du président Oligui Nguema. En tant que proche du pouvoir, son discours et ses actions semblent étroitement liés à des enjeux politiques. En soutenant une «Constitution Humanitaire», il semble vouloir se positionner comme un leader moral et humanitaire, tout en bénéficiant d’une visibilité accrue. Cette prise de position survient dans un contexte où le gouvernement en place cherche à asseoir sa légitimité et à répondre aux critiques sur la gouvernance et la gestion des services publics. Dans ce contexte, la figure du Dr Yaba, en tant qu’icône de l’action humanitaire, pourrait servir à légitimer le régime en place, tout en détournant l’attention des véritables problèmes structurels du pays.

Si l’inauguration de cette antenne est certes un geste symbolique important pour les populations locales, elle masque la réalité des infrastructures sanitaires locales. © D.R

Le récent lancement de l’antenne du Samu Social dans le Sud du Gabon, région particulièrement délaissée en matière d’accès aux soins, illustre parfaitement cette opportunité politique. Si l’inauguration de cette antenne est certes un geste symbolique important pour les populations locales, elle masque la réalité des infrastructures sanitaires locales : des hôpitaux souvent sous-équipés, un personnel médical insuffisant et un manque criant de médicaments. Dans ce contexte, l’extension du Samu Social peut apparaître comme une tentative de substitution aux véritables réformes de fond. Loin de régler les problèmes structurels, cette démarche semble davantage répondre à un besoin immédiat de visibilité politique et de communication gouvernementale.

Un discours humanitaire à double tranchant

Le Dr Yaba se positionne ainsi dans un discours humanitaire qui, au lieu de dénoncer les véritables failles du système, semble instrumentaliser ces questions pour servir une cause politique. En affirmant qu’il «ne demandera jamais la permission pour faire le bien», il donne l’impression de se placer au-dessus des institutions, comme s’il détenait seul la vérité sur ce qui est juste pour la population. Cependant, un tel discours est dangereux : il peut facilement se transformer en un outil de légitimation d’une transition politique qui semble, à ce jour, plus soucieuse de son image que des réformes profondes nécessaires pour améliorer les conditions de vie des Gabonais.

En définitive, la position du Dr Wenceslas Yaba comme celle de beaucoup d’autres, interroge à la fois sur son opportunisme politique et sur sa compréhension des enjeux sociaux et sanitaires du Gabon. Si ses intentions peuvent être perçues comme humanitaires et louables, son discours semble manquer de substance en termes de réformes concrètes. Le Samu Social, bien qu’indispensable dans son rôle d’urgence, ne doit pas se voir transformé en un instrument de légitimation politique, ni en un substitut aux véritables réformes systémiques nécessaires dans le pays. En tant que conseiller du président, Dr Yaba devrait davantage se concentrer sur des solutions pérennes et structurelles, plutôt que sur un idéal humanitaire qui, au final, risque de n’être qu’un vernis dissimulant l’absence de réelles actions pour le bien-être des Gabonais.

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