Le Gabon traverse une crise économique profonde depuis plusieurs années, caractérisée par la volatilité des prix du pétrole, une diversification économique insuffisante, un chômage élevé, et des déficits dans les secteurs essentiels tels que l’éducation, la santé et les infrastructures. Pourtant, alors que les Gabonais attendent des réformes concrètes pour répondre à ces défis, la révision constitutionnelle qui se profile semble largement ignorer ces enjeux cruciaux. En effet, le texte révisé met l’accent sur un renforcement du pouvoir exécutif, avec un président qui cumule les fonctions de chef de l’État et de Premier ministre, sans aborder sérieusement les problèmes économiques qui frappent le pays.
Le texte révisé de la Constitution accorde une importance démesurée au rôle du président, mentionné pas moins de 43 fois, mais l’économie, la question de la diversification des sources de revenus nationales, ou encore l’amélioration des conditions de vie des Gabonais, sont quasi absentes du débat. Le Gabon, dont l’économie repose encore largement sur les exportations de pétrole et de ressources naturelles, peine à diversifier ses secteurs productifs. L’absence d’une véritable politique industrielle et la faiblesse de l’agriculture et du tourisme témoignent de cette dépendance excessive aux matières premières, source d’instabilité.
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Alors que des réformes audacieuses sont nécessaires pour renforcer les capacités productives internes, créer des emplois et diversifier les sources de revenus, le texte constitutionnel ne fait qu’ignorer ces questions. L’éducation et la santé, qui sont des secteurs vitaux pour le développement à long terme du Gabon, souffrent de sous-financement chronique et d’un manque d’infrastructures de qualité.
Les Gabonais attendent des réformes pour améliorer ces secteurs, mais la révision constitutionnelle ne propose aucune mesure concrète à cet égard. Si l’on compare les discours actuels aux besoins réels du pays, il est évident que cette réforme, plutôt que de répondre aux attentes de la population, semble davantage orientée vers le renforcement d’un pouvoir présidentiel de plus en plus concentré, tout en laissant de côté les priorités économiques et sociales. Dans ce contexte, les défis économiques du Gabon risquent de rester sans réponse, ce qui pourrait aggraver les inégalités et la précarité pour une grande partie de la population.
L’exemple sénégalais
Contrairement à d’autres pays africains, comme le Sénégal, où la Constitution a clairement posé les bases d’un modèle de développement économique inclusif et partagé, la révision constitutionnelle gabonaise semble tourner le dos aux impératifs économiques du pays. La Constitution sénégalaise de 2001, par exemple, fait explicitement référence à la promotion de l’économie de marché, mais également à la nécessité d’assurer un développement économique équilibré qui profite à l’ensemble de la population.
L’article 25 de la Constitution sénégalaise stipule que « l’État garantit à chaque citoyen le droit à un travail, à une protection sociale et à un revenu décent ». Ce cadre constitutionnel met clairement en avant les principes d’équité et de justice sociale, et soutient des politiques économiques qui favorisent l’inclusion et la réduction des inégalités. Le Gabon, en revanche, semble se concentrer exclusivement sur la centralisation du pouvoir présidentiel.