Le Conseil des ministres du 4 juin 2025 a entériné un projet de loi d’envergure portant réforme du régime des partis politiques en République Gabonaise. Pris en application de l’article 6 de la Constitution, ce texte traduit l’une des principales recommandations du Dialogue National Inclusif : rationaliser un paysage politique jugé trop fragmenté et parfois inefficace. En mettant fin à la prolifération anarchique des formations politiques, les autorités entendent rétablir un cadre démocratique plus rigoureux, fondé sur la représentativité, la participation active et la transparence.
Une volonté populaire issue du Dialogue national
Le projet de loi répond à une attente forte exprimée par les Gabonais lors du Dialogue National Inclusif tenu en avril 2024. L’un des constats majeurs issus de ces assises était la nécessité de revoir les conditions de création des partis politiques, leur prolifération ayant contribué à diluer le débat public et à fragiliser l’efficacité des institutions démocratiques. Le nouveau texte prévoit désormais qu’un parti politique ne pourra obtenir une reconnaissance légale que s’il compte « au moins 9 000 adhérents répartis de manière équilibrée dans les neuf provinces du pays ». Ce critère de représentativité vise à s’assurer que les partis soient réellement enracinés dans la société gabonaise, au-delà des logiques clientélistes ou régionalistes.
Des obligations renforcées pour un pluralisme structuré
En plus des conditions d’existence plus strictes, le projet de loi impose aux partis politiques de participer activement à la vie électorale nationale. Toute formation s’abstenant de présenter des candidats à deux scrutins consécutifs se verra retirer son statut légal. Cette mesure entend lutter contre les partis « dormants » ou opportunistes, souvent créés à des fins spéculatives ou de positionnement personnel. Par ailleurs, la gestion financière des partis sera désormais strictement encadrée. Une comptabilité rigoureuse s’imposera à chaque structure, placée sous la supervision directe de la Cour des comptes. Cette transparence est aussi un gage de moralisation de la vie politique, à l’heure où les exigences de bonne gouvernance deviennent prioritaires.
Un dispositif transitoire pour une réforme en douceur
Consciente des bouleversements que cette loi pourrait entraîner dans l’échiquier politique national, l’exécutif a prévu un dispositif transitoire de six mois. Durant ce délai, les partis existants devront se mettre en conformité avec les nouvelles dispositions légales, faute de quoi ils seront d’abord suspendus, puis radiés définitivement en cas de non-conformité persistante. Enfin, pour garantir un véritable pluralisme, le projet de loi maintient l’obligation pour les médias publics de donner accès aux partis représentatifs et consacre la possibilité pour le Président de la République de consulter ces formations dans le cadre des grands choix de la Nation. Mais des voix contestent déjà cette réforme. A l’instar de Fred-Aurele Zehou Moussock, juriste et acteur politique : « Il ne revient pas au président de la République de décider du nombre de partis politiques dans un pays », a -t-il déclaré dans les colonnes de Gabon Media Time. Les semaines à venir seront cruciaux pour le gouvernement qui devra faire adopter cette réforme le moment venu au parlement.