L’acquisition de 130 nouveaux bus Tata Motors soulève une question importante : comment la Sogatra, une entreprise structurellement déficitaire, parvient-elle à financer un tel investissement ? Cette question est d’autant plus pertinente lorsqu’on considère que la Sogatra bénéficie d’une subvention annuelle de 1,7 milliard de fcfa de l’État gabonais. Pourtant, malgré ce soutien public, l’entreprise n’a pas été en mesure de moderniser de manière efficace son outil de travail. Si la Sogatra ne génère pas de profits suffisants, comment peut-elle justifier un tel investissement dans l’achat de nouveaux bus ?
Pour qu’un investissement aussi conséquent soit viable, il faut qu’il soit précédé par une réflexion sur la rentabilité de la Sogatra. Cette entreprise, qui peine à gérer son parc vieillissant, semble se contenter de pallier ses déficits en recourant aux subventions de l’État sans chercher à transformer son modèle économique. Cette acquisition de 130 bus ne fera probablement pas l’objet d’un remboursement ou d’un autofinancement par l’activité de Sogatra si la structure continue à fonctionner dans le même cadre. Le risque est donc grand que l’État gabonais soit contraint de financer à nouveau une autre série de bus dans quelques années, et ainsi de suite, sans qu’il y ait d’améliorations substantielles dans la gestion de la flotte.
Un modèle économique durable
La question fondamentale ici est : quelle stratégie la Sogatra met-elle en place pour générer des revenus supplémentaires afin de rentabiliser l’achat de nouveaux bus ? Si l’on compare cette situation à d’autres entreprises publiques africaines dans le secteur des transports, il est clair qu’un véritable modèle économique durable doit être mis en place, à travers une gestion plus rigoureuse, une meilleure tarification des services ou une diversification des sources de financement.
Dans l’optique de renforcer la Sogatra et de garantir l’efficacité de l’investissement, l’État gabonais devrait également s’interroger sur les autres priorités de l’entreprise. La mise en place de réformes internes dans la gestion des ressources humaines et la formation du personnel à l’entretien des bus pourraient s’avérer aussi cruciales que l’acquisition de nouveaux véhicules. Sans une réorganisation en profondeur, cette flotte de 130 bus pourrait finir comme ses prédécesseurs : dans l’incapacité de répondre à la demande croissante de transport public.
En définitive, l’acquisition de ces 130 bus ne doit pas être une fin en soi, mais une étape vers un plan plus large visant à professionnaliser et à pérenniser le secteur des transports publics au Gabon. Le véritable défi pour Sogatra et l’État gabonais est de transformer cet investissement en un levier de développement durable et de rentabilité à long terme.