Depuis le 15 mai 2025, les ministres togolais sont désormais tenus de régler eux-mêmes leurs factures d’eau et d’électricité à usage domestique. Cette décision, actée par une circulaire du ministre de l’Économie et des Finances, Essowè Georges Barcola, marque une rupture avec une pratique longtemps tolérée : la prise en charge de ces dépenses personnelles par le Trésor public. Le gouvernement togolais entend ainsi renforcer l’exemplarité et l’équité dans la gestion des ressources publiques, en pleine réforme structurelle des finances de l’État.
Cette mesure frappe surtout par sa portée symbolique. Elle met un terme à une forme de privilège jugée “anachronique”, au moment où l’État togolais cherche à rationnaliser ses dépenses dans un contexte économique tendu. Pendant ce temps, au Gabon, les avantages en nature octroyés aux membres du gouvernement et autres hauts fonctionnaires restent largement maintenus, malgré leur coût élevé pour les finances publiques. Henri-Claude Oyima, nouveau ministre de l’Économie, a pourtant affiché sa volonté de s’attaquer aux dépenses superflues et dispendieuses, un chantier dans lequel l’exemple togolais pourrait s’avérer instructif.
Avec une masse salariale publique estimée à 825,3 milliards de fcfa en 2025, le Gabon fait face à une pression budgétaire croissante. À cela s’ajoutent des frais annexes importants pour les loyers administratifs, les frais de fonctionnement et les déplacements. Contrairement au Togo, aucune mesure concrète n’a encore été prise pour impliquer les dirigeants dans l’effort de redressement. Le contraste est saisissant : d’un côté, un État qui montre l’exemple par la sobriété ; de l’autre, une administration qui peine encore à rompre avec ses vieilles habitudes.
La décision togolaise intervient également dans un contexte de hausse des tarifs de l’électricité, suscitant un débat public intense. En prenant sur eux la charge de ces factures, les ministres togolais contribuent à apaiser les tensions, en démontrant que les efforts ne pèsent pas uniquement sur les plus modestes. Cette approche inclusive du redressement financier tranche avec l’image d’un Gabon où les réformes peinent à s’incarner dans les pratiques des élites.
Henri-Claude Oyima a désormais l’opportunité de s’emparer de cette séquence pour impulser une dynamique comparable au Gabon. Mettre fin à la prise en charge par l’État des factures personnelles des hauts responsables serait un acte fort, à la fois économique et politique. Une telle décision, au-delà de l’économie réalisée, enverrait un message clair : celui d’un État soucieux de justice, de transparence et d’exemplarité dans la gestion de ses finances.