Derrière les chantiers impressionnants que mènent des entreprises comme la CFHEC au Gabon, une question cruciale reste souvent peu documentée : les conditions réelles de transfert de compétences et de technologies. En d’autres termes, que reste-t-il à l’écosystème local une fois les projets livrés ? Une usine fonctionnelle, certes, mais quels savoir-faire transmis, quelles expertises consolidées durablement ?
Dans le cadre du PIAEPAL, aucun engagement public détaillé n’a été communiqué sur le taux de sous-traitance locale, la formation des agents gabonais ou le recours à des bureaux d’études nationaux. Si la CFHEC assure une exécution rapide, le pilotage technique et l’encadrement des travaux sont encore largement assumés par des expatriés, ce qui pose la question de la soutenabilité à long terme du système.
L’enjeu est pourtant double. Sur le plan technologique, il s’agit de permettre à des ingénieurs et techniciens gabonais de maîtriser les outils et procédures de traitement, distribution et maintenance. Sur le plan économique, cela permettrait de développer un tissu de PME locales capables d’intervenir sur les réseaux. Le Gabon gagnerait ainsi en autonomie d’action et en résilience face aux imprévus techniques.
Des exemples ailleurs en Afrique montrent que ce transfert peut réussir, à condition d’être contractualisé dès le départ. Au Rwanda, par exemple, les projets chinois dans le secteur électrique intègrent désormais une clause de formation obligatoire, avec certificats à la clé. Pourquoi ne pas s’en inspirer pour les projets gabonais à venir ?
Il devient donc indispensable que les futurs partenariats incluent des obligations de transfert de technologie, de formation et de montée en compétence, inscrites noir sur blanc dans les contrats. Ce changement de paradigme permettrait de transformer les grands chantiers en véritables leviers de développement économique local.