Le désordre qui secoue actuellement l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB) n’est pas sans conséquences sur la gouvernance publique. En pleine transition politique parce que c’est encore le cas et alors que Brice-Clotaire Oligui Nguéma appelle à un sursaut moral et à une gestion rigoureuse de la chose publique, les luttes intestines au sein de ce parti jettent une ombre sur sa crédibilité.
La confusion autour des investitures et l’empressement à obtenir des postes électifs rappellent dangereusement les dérives d’un système que le président disait vouloir dépasser. Il faut dire que durant sa campagne le chef de l’État avait été limpide : « Accompagnez-moi d’abord aux élections, la conquête des postes c’est après. »
« Accompagnez-moi d’abord aux élections, la conquête des postes c’est après. »
Cette mise en garde, pourtant claire, semble être tombée dans l’oreille d’un sourd collectif. Les anciens cadres du Parti démocratique gabonais (PDG), nombreux dans l’organigramme de l’UDB, exportent avec eux les réflexes clientélistes, le goût de la précarité institutionnelle et l’obsession des privilèges. Ces pratiques, qui ont lourdement contribué à la dérive des finances publiques au cours des dernières décennies, menacent aujourd’hui de gangrener la nouvelle formation. Comment espérer une rupture alors que l’on en reproduit les pires travers, au mépris de toute exigence d’éthique publique ?

Dans le PDG, la logique de partage de la rente publique au profit des élites politiques avait progressivement éclipsé les missions fondamentales de l’État : santé, éducation, infrastructures, services essentiels. Ce sont ces pratiques, à la fois corrosives et inefficaces, qui ont mené à la défiance citoyenne, à l’explosion de la dette intérieure, et à l’enracinement de la corruption comme mode de régulation. Or, aujourd’hui, certains anciens barons recyclés à l’UDB apparaissent comme des héritiers directs de ce système de prédation. Dans ces conditions, quel crédit accorder aux promesses de transparence et de moralisation de la gestion publique ?
En s’arrogeant déjà les prébendes du pouvoir avant même les urnes, les nouveaux hiérarques de l’UDB envoient un mauvais signal. La culture du mérite, de la redevabilité et de la gestion rigoureuse semble absente des priorités.
En s’arrogeant déjà les prébendes du pouvoir avant même les urnes, les nouveaux hiérarques de l’UDB envoient un mauvais signal. La culture du mérite, de la redevabilité et de la gestion rigoureuse semble absente des priorités. Le risque est de plus en plus grand que les premiers élus du parti confondent leurs fonctions avec des passe-droits, renouant avec une gestion des deniers publics centrée sur la satisfaction de clans plutôt que sur l’intérêt général. Cela d’autant plus que les ambitions exprimées par certains ne reposent sur aucun projet économique ou social solide.
Plus fondamentalement, l’état de tension au sein de l’UDB questionne la capacité du parti à garantir la stabilité nécessaire à une gouvernance exemplaire. Si les mêmes logiques de favoritisme et de verrouillage politique sont reconduites, alors la rupture promise avec l’ancien régime ne sera qu’une façade.
Pour que les finances publiques soient gérées avec rigueur, encore faut-il que ceux qui prétendent aux fonctions électives en comprennent le sens profond. Ce qui suppose d’abord d’assainir la vie politique. C’est à ce prix que le président pourra espérer voir émerger une nouvelle génération d’élus au service du pays, et non de leur propre ascension.