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Vie chère : quand la suspension de TVA profite surtout aux géants du BTP

le coup de coeur

Présentée comme une mesure sociale destinée à alléger le panier de la ménagère, la suspension de la TVA sur le ciment, le sable et le gravier cache une réalité bien différente. Derrière le discours officiel sur la lutte contre la vie chère, ce sont surtout les entreprises de BTP et les grands importateurs qui sortent gagnants de l’arrêté signé par le ministre-banquier Henri-Claude Oyima.

En théorie, exonérer la TVA devrait réduire mécaniquement le prix de vente au consommateur. Mais dans les faits, rien ne garantit que cette baisse soit répercutée sur les marchés. Les cimenteries, importateurs et distributeurs disposent désormais d’une marge de manœuvre accrue, mais sans obligation légale de transparence sur leurs marges. Dans un secteur historiquement marqué par l’opacité et la spéculation, le risque est grand que la mesure soit captée en amont, sans impact réel sur les ménages.

Ce sont donc les entreprises de construction, et notamment les majors du BTP souvent liées à l’État, qui bénéficient directement de cette suspension. En réduisant leurs coûts d’approvisionnement, elles renforcent leur compétitivité et améliorent leurs marges bénéficiaires. En pleine relance des projets d’infrastructures publiques, cette décision ressemble davantage à un coup de pouce aux grands acteurs économiques qu’à un soutien concret aux populations.

Et le Gabon n’en est pas à sa première mesure de ce type. La mercuriale alimentaire de 2024, qui réduisait artificiellement de 20% le prix de certains produits de base, avait déjà montré ses limites : des prix baissés sur le papier, mais rarement ressentis sur les marchés de Libreville, Port-Gentil ou Oyem. Le risque est identique aujourd’hui : une décision médiatiquement efficace mais socialement inefficace.

La suspension de la TVA sur les matériaux de construction révèle moins une politique de lutte contre la vie chère qu’un mécanisme de redistribution déguisé en faveur des grands acteurs économiques. Sans mécanismes de contrôle stricts et sans garanties de répercussion sur les prix, cette mesure risque d’alimenter un système de rentes déjà bien enraciné. À qui profite vraiment la politique économique du gouvernement gabonais ? Aux ménages modestes… ou aux puissants du BTP? Affaire à suivre. 

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