L’affaire qui secoue actuellement Gab’Oil, la filiale de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), met en lumière des pratiques financières douteuses ayant conduit à des décaissements de plusieurs dizaines de millions de fcfa en quelques mois, voire même quelques jours. Parmi les dépenses les plus controversées, celles liées aux conseils d’administration, s’élevant à 43,125 millions de fcfa, ainsi que des frais associés à une campagne référendaire de 46 millions de fcfa, ont attiré l’attention. Cependant, si ces sommes sont indéniablement élevées, elles représentent un grain de sable dans un océan bien plus vaste de dépenses publiques dont 28 milliards de fcfa pour le seul référendum.
Quid de la gestion des fonds publics ?
L’examen des finances publiques gabonaises révèle que ces dérives, bien qu’accablantes pour les responsables de Gab’Oil, ne sont rien comparées aux dépenses publiques inscrites dans la loi de finances rectificative 2024. Avec 28 milliards de fcfa alloués à diverses charges liées au référendum constitutionnel, les sommes en question ne sont qu’une petite fraction des ressources mobilisées dans cette période de transition politique. Un bilan exhaustif des dépenses liées à ce référendum pourrait bien révéler des montants encore plus colossaux et soulever des questions sur la gestion des fonds publics à une échelle bien plus large.
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Le budget alloué au référendum, dont les détails de la répartition restent flous, semble aujourd’hui constituer un sujet de plus grande ampleur pour les autorités gabonaises que les quelques millions de fcfa gaspillés chez Gab’Oil. Si les révélations sur la gestion de l’entreprise pétrolière suscitent des interrogations sur l’éthique des dirigeants, elles n’en restent pas moins limitées à une entité spécifique, tandis que les dépenses massives liées au référendum touchent directement les finances nationales. La vraie question concerne la transparence et l’utilisation des fonds publics à cette échelle, bien plus vaste et systémique.
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Les accusations de malversations à l’encontre de l’ADG et du PCA de Gab’Oil, tout en étant sérieuses, semblent s’inscrire dans un contexte où le gouvernement gabonais, via ces révélations, cherche peut-être à détourner l’attention de ses propres erreurs de gestion. L’effet d’illusion créé par ces scandales pourrait bien dissimuler des enjeux politiques plus importants. En effet, le timing de ces accusations, survenant peu après l’instauration de la transition militaire, semble calculé pour envoyer un message tout en évitant une remise en question des décisions plus larges qui touchent la gestion des affaires publiques au Gabon.
Une manœuvre politique ?
Finalement, la mise en pâture de l’ADG de Gab’Oil et du PCA pourrait bien n’être qu’une manœuvre politique, plus qu’un réel désir de réformer la gouvernance de cette entreprise. Ces accusations viennent après une longue période de gestion calamiteuse de Gab’Oil, et il est possible que l’on cherche à faire de ces dirigeants des boucs émissaires, détournant l’attention des véritables questions relatives à la gestion des finances publiques. Ce qui pourrait apparaître comme une volonté de transparence et de réforme n’est peut-être qu’un mirage stratégique visant à apaiser l’opinion publique tout en préservant les structures de pouvoir et les pratiques opaques qui dominent encore au Gabon.