C’est ce qui ressort de la conférence de presse tenue par ses avocats ce mercredi 31 juillet 2024. Ces derniers ont exposé les raisons ayant poussé leur client à porter plainte contre X dans l’affaire opposant l’État gabonais à l’entreprise Webcor ITP. Accusant sans les nommer des fonctionnaires de l’État de haute trahison, cette plainte se veut être une quête de transparence et de justice vis-à-vis d’une transaction jugée suspecte.
Depuis 2015, le Gabon et Webcor ITP, une entreprise de droit maltais, sont en conflit au sujet du projet avorté du Grand marché de Libreville. Après avoir été déboutée par la Cour d’appel de Paris en 2021, avec des suspicions de corruption, la société a néanmoins bénéficié par miracle et contre toute attente d’un accord imposant au Gabon de verser 66 milliards de francs cfa. Les avocats de M. Opiangah dénoncent cet arrangement, le qualifiant de « suicide de l’État gabonais« .
« Non-assistance en Patrie en danger »
Selon Me Célestin Mba Ondo, « un tel comportement, de la part de compatriotes gabonais, s’apparente à de la concussion, et même à de la haute trahison, qui est un crime à l’égard de l’État ». Me Jean-Paul Moumbembe ajoute que cette plainte place Hervé Patrick Opiangah, avocat du peuple et homme d’affaires, dans une position périlleuse dans sa lutte pour la justice.
Pour Me Mba Ondo, cette démarche pourrait inciter le législateur à créer une nouvelle infraction, celle de « non-assistance à patrie en danger », soulignant l’engagement patriotique de leur client. «M. Opiangah a agi en bon citoyen qui a à cœur de défendre aussi bien ses intérêts personnels en tant que Gabonais que les intérêts collectifs de ses compatriotes et de ceux de l’État […] À travers cette action, il va peut-être amener le législateur à créer une nouvelle infraction, celle de “non-assistance à patrie en danger”. Parce que notre client n’accepte pas que son pays, sa mère patrie soit dépouillée», défend Me Mba Ondo.
Le silence inquiétant des autorités politiques
Le silence actuel du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et du Parquet de la République est jugé prudent, les avocats concédant qu’une enquête de cet ordre nécessite du temps. Pour Me Gisèle Eyue Bekale, il est trop tôt pour soupçonner le procureur de la République de quoi que ce soit. «Nous ne pouvons pas encore juger du silence du Parquet trois semaines après que la plainte a été déposée, sachant le travail à faire dans ce genre d’affaire qui nécessite des enquêtes. D’autant plus qu’il s’agit d’une plainte contre X», surtout qu’aucune preuve ne fait état d’un quelconque versement de 66 milliards de fcfa à Webcor ITP par l’État gabonais.
«Souvent, le procureur de la République, dans ce genre de cas, attend les instructions de ses supérieurs hiérarchiques avant d’agir. Ce qui peut prendre du temps», a soutenu Me Mba Ondo.
L’État est surveillé de près par la population, inquiète de la gravité des faits révélés. Les prochains jours seront déterminants pour voir les réponses des autorités politiques, notamment du ministère de la Justice et du CTRI, dans cette affaire emblématique de la lutte contre la corruption au Gabon.