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CFU : une réforme fiscale à marche forcée qui oublie encore l’essentiel, l’équité

le coup de coeur

Depuis sa création en 2022, la Contribution foncière unique (CFU) peine à convaincre. Présentée comme une mesure de simplification du système fiscal, elle est aujourd’hui au cœur d’une stratégie de mobilisation des recettes internes. La DGI vise désormais 26 milliards de fcfa de recettes annuelles, contre 13 milliards actuellement. Mais cette politique fiscale ambitieuse masque mal une réalité sociale plus inquiétante : les ménages sont encore une fois les premiers à payer la facture des errements budgétaires de l’État.

Le problème majeur ne réside pas dans l’idée d’un impôt foncier en soi, mais dans la manière dont il est mis en œuvre. Avec un taux de formalisation foncière quasi-nul (à peine 14 000 titres officiels sur tout le territoire), la CFU s’appuie sur une base fragile et peu structurée. Cela revient à taxer l’informel tout en laissant l’État lui-même incapable de garantir la sécurité foncière de ses citoyens. Les contribuables ciblés, souvent sans revenu stable, n’ont ni la capacité de payer, ni la visibilité sur ce que devient leur argent.

En parallèle, aucune réforme significative des dépenses publiques n’a été engagée. Le budget 2025 révèle des priorités discutables : plus de 378 milliards de fcfa pour l’achat de biens et services, des enveloppes confortables pour des institutions peu productives, et des dépenses récurrentes sans évaluation d’impact. À l’heure où l’on demande aux ménages de faire un effort fiscal supplémentaire, l’État ne montre aucun signe de sobriété financière.

Cette asymétrie dans l’effort est discutable. Elle renforce la défiance fiscale et nourrit un sentiment d’injustice. Comment expliquer à une population que ses maigres ressources serviront à entretenir un système budgétaire inefficace, voire dispendieux ? La fiscalité ne peut être efficace que si elle est juste, transparente et accompagnée de contreparties claires en matière de services publics.

Le gouvernement gagnerait à revoir sa copie. Avant de durcir la pression fiscale, il devrait initier une véritable réforme des dépenses, lancer une opération de sécurisation foncière à grande échelle, et mettre en place des dispositifs de modulation ou d’exonération ciblée. Faute de quoi, la CFU ne sera qu’un impôt de plus, mal accepté, mal perçu, et mal redistribué.

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