Si la signature du financement de la route Ntoum-Cocobeach a attiré l’attention par son envergure (100 milliards de fcfa prêtés par BGFI à Ebomaf), un autre pan du projet mérite tout autant l’intérêt : la construction d’une cité administrative complète à Cocobeach. Ce programme annexe incarne une volonté politique forte de réancrer la présence de l’État dans des territoires longtemps marginalisés, à commencer par cette localité frontalière avec la Guinée équatoriale, laissée en jachère institutionnelle depuis des années.
Composée de 30 logements pour les fonctionnaires, cette cité vise à garantir une présence permanente des agents publics dans la région. Loin d’un simple projet immobilier, il s’agit d’un dispositif de redéploiement administratif, pour offrir à la population un service public de proximité, réactif et encadré. Ce choix stratégique répond aussi à une réalité. Sans fonctionnaires installés et logés décemment, aucune politique publique ne peut s’appliquer durablement.
Cocobeach est en effet aujourd’hui confrontée à un désert administratif. Nombre d’agents affectés à la localité rechignent à y rester, en raison de l’isolement, du manque d’infrastructures et des difficultés de logement. En dotant la ville d’un cadre de vie adapté, l’État espère inverser cette dynamique et stabiliser les services de base : santé, éducation, sécurité, état civil, etc. Ce retour du bras de l’État devrait également servir de levier pour apaiser le sentiment d’abandon dont se plaignent depuis longtemps les habitants.
La cité administrative sera construite en parallèle du chantier routier, dans un souci de cohérence d’exécution. Son succès dépendra néanmoins de la capacité de l’État à non seulement construire mais aussi faire vivre ces nouvelles structures. La question du recrutement et du suivi des agents mutés à Cocobeach reste cependant centrale.
Toutefois, dans un pays où les villes secondaires peinent à jouer un rôle structurant, Cocobeach pourrait devenir un laboratoire d’aménagement territorial si ce projet est mené à bien. La présence de l’État ne doit pas non plus s’arrêter au ruban coupé. Non, elle doit s’incarner dans des hommes et des femmes qui vivent sur place, qui travaillent, enseignent, soignent, protègent… et bâtissent.