Après trois jours de grève, les travailleurs et partenaires sociaux de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) ont obtenu une avancée significative dans leur conflit avec la direction. Le 9 mars 2025, une délégation syndicale a été reçue par le cabinet du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, ouvrant ainsi la voie à un dialogue direct avec le Chef de l’État. Cette rencontre marque un tournant dans le bras de fer engagé entre les employés et leur employeur, mais ne met pas fin à la crise pour autant.
À l’issue de cette première phase d’échanges, les représentants syndicaux ont exprimé une satisfaction mesurée quant à l’évolution du dossier. « Les échanges tenus ce jour nous donnent un espoir pour une sortie de crise comme nous le souhaitions », ont déclaré les syndicats dans une déclaration commune. Mais si un canal de discussion a été ouvert au plus haut sommet de l’État, aucune décision concrète n’a encore été prise sur les revendications majeures des grévistes, notamment l’augmentation du salaire de base à 100 000 fcfa pour toutes les catégories professionnelles.
Non respect des procédures légales
Le ministre du Travail, Adrien Nguéma Mba, avait pourtant rappelé dans une lettre officielle adressée aux parties prenantes que la grève, bien qu’un droit constitutionnel, doit respecter les procédures légales. Il avait insisté sur le respect du service minimum obligatoire, conformément à l’article 385 du Code du Travail et au décret n°023/PR/MTEPS du 11 février 2010. « Le déclenchement de la grève sans service minimum ou la violation de celui-ci pourrait constituer une infraction à la loi sociale et exposerait son ou ses auteurs aux sanctions prévues par les textes en vigueur », avait-il averti.
En conséquence, et conformément aux instructions du Président de la Transition, le mouvement de grève sera suspendu à compter de ce lundi 10 mars à minuit. Les activités ont repris dès ce mardi au poste 1, mais cette reprise ne signifie pas que les tensions sont apaisées. Cette suspension s’apparente davantage à un temps mort stratégique, où les travailleurs acceptent temporairement de reprendre le travail en échange d’une discussion plus approfondie avec le gouvernement.
Une assemblée générale après l’audience avec Oligui
Une assemblée générale sera prochainement organisée afin d’informer l’ensemble des salariés des conclusions de l’audience avec le Chef de l’État. Mais tant que les engagements concrets ne seront pas actés, le spectre d’une reprise de la grève reste présent. D’autant plus que le Ministre du Travail avait également rappelé que toute grève déclenchée en pleine négociation est considérée comme illégale, selon l’article 393 du Code du Travail. Ce cadre juridique pourrait jouer un rôle décisif dans l’orientation des discussions à venir.
Si ce dialogue marque une avancée, la question reste ouverte : cette suspension est-elle le début d’un règlement durable du conflit ou une simple pause avant une nouvelle escalade ? Tout dépendra de la capacité des autorités à répondre aux attentes des travailleurs et à rééquilibrer un rapport de force qui reste, pour l’instant, suspendu mais loin d’être résolu.