Au Gabon, le commerce en ligne connaît une croissance rapide, porté par l’accessibilité d’Internet et l’essor des réseaux sociaux. Cette évolution a vu émerger un marché informel florissant : celui des produits aphrodisiaques pour hommes et des produits censés développer les rondeurs féminines, notamment les fesses et les hanches. Ces produits, présentés comme naturels et efficaces, sont majoritairement vendus sans autorisation, sans traçabilité ni contrôle sanitaire. Leur succès repose sur une forte demande locale, alimentée par les normes esthétiques actuelles et une communication massive sur des plateformes comme Facebook et TikTok.
Réseaux sociaux : moteurs d’un commerce informel en plein essor
Les réseaux sociaux sont devenus le principal canal de vente de ces produits au Gabon. Sur Facebook, des groupes privés, des pages commerciales et des comptes personnels se multiplient, proposant des sirops, des crèmes, des thés ou des poudres aux noms évocateurs, vantés pour « grossir les fesses » ou « stimuler la virilité ». TikTok, de son côté, est envahi par des vidéos virales montrant des transformations physiques spectaculaires, accompagnées de musiques populaires et de hashtags vantant les mérites des produits « miraculeux ». Ces contenus sont souvent très suivis, notamment par des jeunes de 18 à 30 ans, attirés par l’idée d’améliorer leur apparence ou leur performance sans effort. Le manque de régulation des contenus sponsorisés sur ces plateformes facilite la diffusion massive de ces offres, souvent frauduleuses.
Une illusion esthétique et sexuelle aux conséquences sanitaires graves
La popularité de ces produits repose sur un marketing émotionnel et esthétique très efficace. Pour les femmes, la promesse de fesses rebondies ou d’une silhouette plus généreuse en quelques jours séduit de nombreuses clientes. Pour les hommes, les aphrodisiaques sont présentés comme la solution miracle à l’échec sexuel ou au manque de confiance. Mais derrière ces promesses se cachent des produits dont la composition est rarement connue. Certains contiennent des hormones animales, des stéroïdes ou des extraits de plantes mal dosés. Les effets secondaires sont multiples : troubles hormonaux, palpitations cardiaques, éruptions cutanées, saignements, voire dépendance. De plus, leur usage est souvent combiné à des régimes alimentaires ou pratiques physiques dangereuses, aggravant les risques pour la santé.
Un vide réglementaire préoccupant au Gabon
Malgré quelques opérations ponctuelles de saisies et de destruction de produits contrefaits, la réponse des autorités gabonaises reste largement en dessous de l’ampleur du phénomène. L’absence de surveillance continue du marché numérique, le manque de moyens des structures de contrôle et la faiblesse des sanctions encouragent la persistance de ce commerce informel. Aucun système de signalement ou d’alerte n’existe aujourd’hui pour les consommateurs exposés à ces produits. De plus, les campagnes de sensibilisation sur les dangers liés à leur usage sont quasiment inexistantes. Le phénomène progresse donc dans un silence institutionnel, laissant les jeunes consommateurs livrés à eux-mêmes, influencés par les tendances numériques, les faux témoignages et la pression sociale
.Le Gabon fait face à une prolifération alarmante de la vente de produits aphrodisiaques et de développement de rondeurs féminines non contrôlés sur Internet. Porté par les réseaux sociaux, ce commerce échappe à tout cadre légal et met en danger la santé publique. Il est urgent de développer des stratégies nationales de régulation numérique, de renforcer les contrôles, mais aussi d’investir dans l’éducation sanitaire des jeunes. Car sans une réponse structurée, le corps deviendra un terrain d’expérimentation incontrôlé, au service de vendeurs anonymes guidés uniquement par la recherche de profit.
