Les États-Unis ont annoncé une enveloppe de 5 milliards de dollars pour soutenir l’exploitation durable des minéraux critiques en Afrique, dans le cadre de l’initiative « Minerals Security Partnership ». Cette stratégie, pilotée par Washington et la Banque mondiale, vise à sécuriser l’accès aux métaux stratégiques indispensables à la transition énergétique. Selon des sources proches du dossier, le Gabon pourrait prétendre à environ 200 à 250 millions de dollars d’appuis techniques et d’investissements directs.
Les critères d’éligibilité concernent notamment le manganèse, le cobalt et le lithium, trois ressources stratégiques dont l’Afrique détient plus de 60% des réserves mondiales. Le Gabon, troisième producteur mondial de manganèse, dispose d’un positionnement privilégié, avec près de 10 millions de tonnes extraites en 2024, dont 85% exportées vers l’Asie. L’initiative américaine pourrait soutenir la transformation locale du minerai et la mise en place d’infrastructures logistiques à Moanda et Owendo.
Ces fonds pourraient renforcer la compétitivité du secteur minier gabonais et diversifier les partenariats, aujourd’hui dominés par la France et la Chine. Les investissements américains se concentreraient sur la chaîne de valeur, depuis l’exploration géologique jusqu’à la production de matériaux de batterie. Une première estimation évoque plus de 3 000 emplois directs créés dans les projets pilotes.
Toutefois, l’accès à ces financements suppose des réformes de gouvernance et de transparence renforcées. Le Gabon, membre de l’ITIE, doit encore améliorer la traçabilité des flux miniers et la publication des contrats. Les États-Unis privilégient les pays offrant un environnement juridique clair et des garanties environnementales solides, conditions encore inégalement respectées dans la sous-région.
Si le pays parvient à se positionner comme un partenaire fiable de la transition énergétique mondiale, cette ouverture américaine pourrait marquer un tournant. Le défi sera de transformer ce soutien en levier industriel, au-delà des infrastructures minières classiques, pour ancrer le Gabon dans les chaînes de valeur mondiales des matériaux de nouvelle génération.
