Alors que l’institution postale gabonaise s’enfonce depuis plus d’une décennie dans une crise structurelle mêlant faillite de gouvernance, scandales financiers et fragilité budgétaire, le nouveau gouvernement affirme sa volonté de remettre de l’ordre. Lors du Conseil des ministres du 4 juin 2025, un plan d’urgence a été adopté pour La Poste S.A. : audit, restructuration, accompagnement social et redressement budgétaire. Mais cette annonce intervient après des années d’échecs accumulés, dont le plus emblématique reste la débâcle de la Postebank.
Une histoire postale minée par les scandales
Tout commence pourtant sous de bons auspices au début des années 2010, lorsque La Poste Gabonaise, forte de son maillage territorial, obtient un agrément bancaire et crée la Postebank en 2012. Elle s’adosse sur les bureaux de poste existants pour offrir des services d’épargne et de comptes courants, et devient rapidement un acteur de la bancarisation des fonctionnaires.
Mais dès 2015, la corruption, les détournements de fonds et les failles du système informatique mènent à une mise sous administration provisoire. Le projet Postefinance qui lui succède n’échappe pas au chaos : son liquidateur est épinglé pour détournement de fonds en 2018. Résultat : plus de 60 000 épargnants lésés, et une dette colossale de plus de 41 milliards de francs fcfa.
Une tentative de réparation lancée par l’ancien gouvernement
Dans une correspondance datée de décembre 2024, Mays Mouissi – alors ministre de l’Économie – avait initié un plan de désintéressement partiel des clients lésés de la Postebank. Une enveloppe de 10 milliards fcfa fut prévue dans la Loi de finances initiale 2024, avec pour priorité les « petits épargnants », afin de répondre à l’urgence sociale.
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Il demandait à ce que ces fonds soient transférés à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) sur un compte dédié, en attendant la validation du plan par le Conseil interministériel. Ce geste, bien qu’insuffisant au regard de l’ampleur de la dette, incarnait une première tentative de rétablir une forme de justice pour les Gabonais spoliés depuis près d’une décennie.
Le gouvernement Oligui passe à l’action
Aujourd’hui, la dynamique semble s’accélérer. Le gouvernement dirigé par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, désormais hors période de transition, a acté une réponse d’envergure lors du Conseil des ministres du 4 juin 2025. L’État engage un vaste chantier de réforme pour sauver ce qui peut encore l’être de La Poste S.A. : un audit complet pour cerner les responsabilités, une restructuration interne, un plan social pour les employés affectés, et surtout un effort budgétaire de redressement.
Cette intervention, plus large que celle amorcée par l’ancien gouvernement de transition, marque une volonté claire de restaurer la crédibilité du service public postal, devenu symbole d’un État autrefois défaillant. Reste à savoir si ces annonces se traduiront enfin par des résultats tangibles pour les gabonais encore dans l’attente.