L’encours de la dette intérieure gabonaise continue de grimper, atteignant 2 889,8 milliards de fcfa à fin septembre 2024. Portée par l’émission massive d’Obligations du Trésor Assimilables (OTA) sur le marché financier régional de la CEMAC, cette tendance traduit une volonté de diversifier les sources de financement. Toutefois, avec un investissement intérieur brut en baisse, passant de « 34,2 % du PIB en 2023 à 32,0 % en 2024 », le pays risque de tomber dans un piège de surendettement local. L’État pourrait ainsi assécher le marché au détriment des entreprises et ménages qui ont besoin de crédits.
Avantage de l’endettement intérieur
L’endettement intérieur présente un avantage : il réduit la dépendance du pays aux créanciers étrangers et protège contre les fluctuations monétaires. Cependant, il peut aussi engendrer une surconcentration de la dette publique auprès des banques locales. Or, dans un contexte où le crédit à l’économie ralentit fortement, passant de « 16,4 % en 2023 à seulement 8,2 % en 2024 » et chutant à « 4,7 % en 2025 », cette situation pourrait nuire au secteur privé. Si les banques investissent massivement dans la dette publique, elles risquent de réduire les financements aux entreprises et aux ménages, freinant ainsi la croissance économique.
Déficit budgétaire
L’évolution du déficit budgétaire inquiète également. Il passe de « -1,8 % du PIB en 2023 à -4,2 % en 2024 » et atteindra « -6,4 % en 2025 ». Face à une telle détérioration, l’État pourrait être tenté de continuer à émettre des obligations du Trésor, creusant ainsi la dette intérieure. En parallèle, la masse monétaire, qui ralentit brutalement de « 9,7 % en 2023 à 2,7 % en 2024 », limite la capacité du marché financier régional à absorber de nouveaux emprunts sans risque d’étouffement.
La question du coût de cette dette est aussi cruciale. Si le recours aux OTA permet d’assurer un financement stable, les taux d’intérêt appliqués sur ces instruments sont souvent plus élevés que ceux des financements internationaux. Avec une inflation modérée de « 2,1 % en 2024 », ces coûts d’emprunt restent soutenables à court terme. Toutefois, le recul des réserves internationales brutes, qui passeront de « 1,4 milliard de dollars en 2024 à 1,0 milliard en 2025 », indique que le pays ne pourra pas se permettre une accumulation excessive de dette intérieure sans risquer un assèchement des liquidités. C’est le FMI qui le dit.