La SEEG a récemment annoncé l’installation du câble ACCC comme un levier essentiel pour moderniser le réseau électrique du Grand Libreville. Cette technologie de pointe, dotée d’un cœur en fibre de carbone, doit permettre une meilleure capacité de transit de l’énergie et limiter les pertes en cas de forte demande. L’administrateur provisoire de la SEEG, Steeve Saurel Legnongo, souligne chez nos confrères de L’Union, que cette innovation représente un progrès en matière de stabilité du réseau, notamment sur l’axe stratégique Owendo-Bisségué. Il met en avant la résistance thermique et la durabilité du câble, qui devraient garantir un meilleur rendement énergétique et contribuer à une réduction des délestages.
Mais pour Étienne Dieudonné Ngoubou, cette annonce ne doit pas masquer les problèmes structurels du secteur. « Installer un meilleur câble, c’est bien. Mais encore faut-il avoir une production suffisante à transporter ! » L’ancien ministre du Pétrole et des Hydrocarbures pointe du doigt une politique énergétique qui se focalise sur la distribution sans résoudre la question fondamentale de l’approvisionnement. La modernisation des infrastructures ne pourra avoir d’effet durable que si elle s’accompagne d’un véritable plan d’augmentation de la capacité de production locale.
Autre élément soulevé par la SEEG : cette modernisation s’inscrit dans une stratégie plus large, incluant la maintenance des équipements et l’acquisition de nouveaux matériels en 2025. L’entreprise assure que ces efforts permettront de réduire la dépendance aux producteurs privés et d’améliorer l’autonomie énergétique du Gabon. Dans ce cadre, la centrale flottante de Karpowership est présentée comme une solution transitoire pour pallier le déficit actuel.
Ngoubou reste sceptique sur cette approche. « On nous parle d’indépendance énergétique tout en continuant à payer une fortune pour une centrale flottante étrangère ! » Il souligne, à juste titre, que la centrale Karpowership représente une charge financière importante, sans garantir une solution pérenne. Pour lui, cette politique énergétique est incohérente : au lieu d’investir massivement dans des barrages hydroélectriques ou des infrastructures locales, le Gabon mise sur des solutions provisoires qui prolongent sa dépendance.
Si la SEEG met en avant une modernisation de son réseau, Étienne Ngoubou rappelle que sans un plan global de développement de la production nationale, ces efforts resteront insuffisants. La pose du câble ACCC est un progrès technique indéniable, mais elle ne doit pas masquer l’absence de vision stratégique à long terme. « Sans une vraie réforme du secteur, nous continuerons à gérer la crise au lieu de la résoudre. » Un avertissement clair sur la nécessité de repenser l’ensemble du modèle énergétique gabonais.