spot_img

Notre devoir, servir la vérité.

spot_img

Évaluation et gestion des revenus des industries extractives : un défi de taille pour l’économie gabonaise

le coup de coeur

En 2021, le secteur extractif a généré des revenus significatifs pour l’économie gabonaise, confirmant son rôle de moteur central des finances publiques et de la croissance économique. Les hydrocarbures, suivis par le manganèse et l’or, ont constitué les principales sources de devises pour l’État. Toutefois, cette manne naturelle est entachée par des pratiques de gestion inefficaces, une corruption endémique et des flux financiers illicites massifs. Selon le rapport ITIE 2021, « les fausses déclarations dans les opérations commerciales internationales entre 2010 et 2020 ont cumulé à 37 923 milliards de fcfa, soit une moyenne annuelle de 3 248 milliards de fcfa ». Ces pertes colossales limitent fortement le développement économique et social du pays.

Le pétrole reste la principale ressource naturelle du Gabon, générant en 2021 près de 1 200 milliards de fcfa, soit 80% des revenus du secteur extractif. Avec une production annuelle de 187 millions de barils, les exportations pétrolières ont représenté 50% des recettes fiscales nationales. 

LIRE AUSSI : Gabon: le secteur pétrolier au deuxième trimestre 2024, entre évolution et défis 

Cependant, entre 2010 et 2020, le secteur pétrolier a généré des flux financiers illicites évalués à 33,4 milliards de dollars (soit environ 20 200 milliards de fcfa), représentant 66% des flux illicites totaux. Ces pertes, dues à des fausses déclarations et à l’opacité des transactions, affaiblissent gravement la capacité de l’État à transformer ces recettes en investissements durables.

Performance et défis dans le secteur minier

Le secteur minier, dominé par l’exploitation du manganèse, a généré environ 300 milliards de fcfa de recettes en 2021. La Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), acteur majeur du secteur, a exporté 7,5 millions de tonnes de manganèse. 

LIRE AUSSI : Gabon: le manganèse, une croissance fragile face aux défis logistiques 

Cependant, les flux illicites dans ce secteur, liés à des pratiques informelles et à l’absence de contrôle rigoureux, ont totalisé 7,6 milliards de dollars (environ 4 588 milliards de fcfa) entre 2010 et 2020. Ces pertes, qui compromettent les recettes fiscales et la transparence, sont exacerbées par l’exploitation artisanale non réglementée et des déclarations souvent incomplètes.

L’impact colossal des flux financiers illicites, un fléau structurel

Les flux financiers illicites, identifiés comme l’un des principaux obstacles au développement du Gabon, s’élèvent à environ 25 milliards de fcfa par an. Ces pratiques concernent principalement les exportations, à hauteur de 67% des flux illicites totaux, soit 27 900 milliards de fcfa entre 2010 et 2020. Le rapport ITIE Gabon 2021 met également en évidence que ces flux ne touchent pas seulement les hydrocarbures, mais aussi les secteurs forestier et minier. Ces pertes représentent des opportunités manquées pour financer le Plan national de développement pour la Transition (PNDT), qui aurait nécessité moins de 3 200 milliards de fcfa, ou encore pour réduire l’encours de la dette publique estimée à 7 000 milliards de fcfa.

LIRE AUSSI : Rapport ITIE Gabon : 3 800 milliards de fcfa de revenus globaux, pour une contribution de 23% dans le PIB en 2021 

La mauvaise gestion des ressources naturelles au Gabon semble aggravée par des institutions poreuses et des mécanismes de contrôle inefficaces. Le rapport ITIE 2021 souligne l’absence de transparence dans la gestion des revenus extractifs, notamment à travers l’opacité des états financiers des entreprises publiques et l’absence de registres publics des propriétaires effectifs. Les écarts non conciliés dans les paiements, estimés à plusieurs dizaines de milliards de fcfa chaque année, reflètent ces défaillances. Ces lacunes compromettent non seulement la redistribution des richesses, mais aussi la confiance des investisseurs étrangers, essentielle pour stimuler le développement économique.

Intensifier les efforts de gouvernance et de transparence

Le secteur extractif gabonais est une richesse nationale qui pourrait transformer l’économie et améliorer la vie des citoyens. Cependant, les 37 923 milliards de fcfa de pertes cumulées en flux financiers illicites témoignent d’une gestion inefficace et d’un fléau de corruption qui étouffe le développement. 

Pour inverser cette tendance, le Gabon doit intensifier ses efforts de gouvernance et de transparence en mettant en œuvre les recommandations de l’ITIE : renforcer les contrôles financiers, établir un registre public des propriétaires effectifs, et améliorer la traçabilité des revenus. Ces réformes sont cruciales pour maximiser l’impact des ressources naturelles sur l’économie et assurer un développement équitable et durable.

spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img

Derniers Articles