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Foi « présidentielle » et République laïque : le délicat équilibre du président Oligui Nguema

le coup de coeur

Depuis son accession au pouvoir, le président  Oligui Nguema assume pleinement sa foi chrétienne. On l’a vu prier publiquement, invoquer Dieu dans ses discours, faire mention des citations bibliques. Pour ses partisans, cette foi manifeste est le signe d’un dirigeant moral, guidé par des valeurs spirituelles fortes. Pour d’autres, elle soulève une inquiétude légitime : peut-on concilier un engagement religieux aussi ostensible avec l’exigence de laïcité inscrite dans la Constitution gabonaise ?

L’article 1er de la Constitution gabonaise est clair : la République est laïque. Elle garantit la neutralité de l’État à l’égard des religions, tout en assurant la liberté de conscience. Cela implique que les institutions ne doivent favoriser aucun culte, ni s’en faire le relais symbolique ou politique. En clair, la foi du président doit rester une affaire privée, non un élément de gouvernance.

Or, depuis plusieurs mois, on assiste à la « chrétiennisation » du pouvoir où pasteurs et prêtres influents sont conviés à des événements officiels voire des références bibliques répétées dans les allocutions : ces signaux brouillent les repères. Le risque est double. D’abord, celui d’un déséquilibre : dans un pays multiconfessionnel, l’expression publique d’un seul courant religieux peut marginaliser les autres. Ensuite, celui d’une dérive : si le président parle au nom de Dieu, qui peut encore s’opposer à lui au nom du peuple ?

À Rome, le couple présidentiel a assisté à une messe dédiée au Gabon à la Basilique Saint-Pierre, le 20 mai 2025. © D.R.

Il ne s’agit pas ici de contester le droit du président à croire. La laïcité protège justement ce droit. Mais elle impose, en retour, une discrétion dans l’usage de cette foi lorsqu’il s’agit de diriger un État. Ce qui est en jeu, ce n’est pas la spiritualité d’un homme, mais la solidité des institutions. Une République doit rester un espace commun, où chaque citoyen, croyant ou non, se sent pleinement représenté. Cela suppose une stricte neutralité de l’État face aux croyances.

La foi peut guider un homme. Mais elle ne peut justifier une politique. Le président Oligui Nguema, en tant que garant de l’unité nationale et du respect constitutionnel, a donc un devoir clair : laisser sa spiritualité à la porte des institutions. Non pour s’en détacher, mais pour ne pas l’imposer.

Dans cette phase sensible de transition politique, le Gabon a besoin de clarté républicaine. La laïcité, loin d’être un rejet de la foi, en est la protection la plus juste. Elle garantit que jamais une religion ne prendra le pas sur la citoyenneté. Et c’est là tout l’enjeu d’un pouvoir équilibré : respecter la foi, mais gouverner au nom du peuple et uniquement du peuple.

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