L’annonce récente de l’acquisition de 130 bus Tata Motors par le Gabon, dans le cadre d’une mission en Inde, fait miroiter une modernisation du secteur des transports publics. Porté par le ministre des Transports, Jonathan Ignoumba, ce projet semble s’inscrire dans une volonté de redresser la Société gabonaise de transport (Sogatra), mais plusieurs questions demeurent : l’acquisition de nouveaux bus est-elle réellement la solution pour une entreprise en proie à une gestion déficiente et une flotte vieillissante ?
La Sogatra reçoit chaque année une subvention publique de 1,7 milliard de fcfa, mais malgré cet apport, les résultats sont loin d’être au rendez-vous. Le service reste irrégulier et la qualité des transports laisse à désirer. Dans ce contexte, injecter 130 nouveaux bus semble plus être une tentative de colmater les failles du système plutôt qu’une véritable relance. Si la Sogatra a du mal à entretenir ses bus existants, qu’adviendra-t-il de cette nouvelle flotte ? L’État gabonais aura-t-il la capacité de maintenir ces bus dans de bonnes conditions, ou risquera-t-il de se retrouver avec une autre série de véhicules abandonnés en raison du manque de gestion ou d’approvisionnement en pièces détachées ?
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Le coût exact de cette acquisition n’a pas été rendu public, mais cette opacité alimente les suspicions. De plus, il est légitime de se demander ce qu’il adviendra des bus actuels. L’État gabonais les mettra-t-il à la retraite ou tentera-t-il de maintenir une flotte vétuste en parallèle ? Cette situation pourrait s’apparenter à une répétition du modèle des anciennes flottes, où l’entretien est une faiblesse chronique.
La gestion des anciens bus, comme ceux de Transurb, pose une question de durabilité : si l’État n’a pas réussi à gérer ces véhicules, quelle garantie existe-t-il pour les nouveaux ? Investir dans de nouveaux bus sans réformer en profondeur la gestion de la Sogatra revient à courir le risque de multiplier les dépenses sans retombées tangibles. Les Gabonais méritent des explications claires sur l’efficacité de cette dépense publique et la stratégie réelle derrière cette acquisition.