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Gabon : bientôt la ruée vers l’UDB ?

le coup de coeur

Le lancement en grande pompe de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB) par Brice Clotaire Oligui Nguéma ce samedi 5 juin 2025, n’est pas un simple événement politique. C’est assurément un signal fort envoyé à toute la classe dirigeante, aux fonctionnaires, aux élus locaux et aux opérateurs économiques. Comme dans les grandes heures du Parti Démocratique Gabonais (PDG), les logiques d’allégeance risquent de se remettre en marche. Derrière les discours de refondation et de rassemblement national, l’UDB s’installe avec des réflexes de parti dominant.

Loin d’incarner une innovation politique, cette nouvelle formation pourrait rapidement devenir l’aimant naturel des ambitions personnelles, des carriérismes opportunistes et des clientélismes locaux. Déjà, certains cadres de l’ancien PDG, recyclés dans la transition, ont rejoints officieusement la nouvelle écurie. Les notables, les élus, les chefs de quartiers et même les artistes sont tentés d’emboîter le pas, par crainte d’exclusion ou par instinct de survie politique.

La structure de l’UDB semble taillée sur mesure pour permettre au président de conserver une base politique organisée, capable de quadriller le territoire et de mobiliser à la demande. Mais ce type de parti vertical et adossé à l’État, a souvent pour effet de tuer la concurrence politique et d’affaiblir le débat démocratique. Dans un pays qui peine encore à sortir du système de loyauté forcée, l’émergence de l’UDB menace de réactiver cette pratique qui consiste à servir la République tout en jurant fidélité au parti du chef.

Le gymnase du stade Omnisports était plein à craquer de militants du nouveau parti.

Le paradoxe est d’autant plus criant que l’arrivée au pouvoir d’Oligui Nguéma avait suscité un espoir de rupture. En rejetant les partis traditionnels, le général-président avait fédéré autour de lui un élan de patriotisme non partisan. Aujourd’hui, la naissance de l’UDB apparaît comme une volte-face qui brouille le message initial. Comment prôner la neutralité de l’État tout en créant une machine politique sous contrôle présidentiel ? Comment promettre l’éthique alors qu’on reproduit les vieux schémas d’hégémonie politique ?

Si rien ne freine cette dynamique, l’UDB pourrait rapidement concentrer les pouvoirs institutionnel, administratif, économique et symbolique. Dans les mois à venir, on assistera sans doute à une ruée vers ce nouveau centre de gravité, alimentée par le calcul politique plus que par l’adhésion idéologique. Et avec elle, le spectre d’un régime à parti dominant refait surface, sous de nouveaux habits.

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