Dans son projet de mandature, Alain Claude Bilie-By-Nze évoque une situation financière préoccupante pour l’État. Il y affirme que la dette publique, laissée en l’état par la transition, aurait atteint un point critique. « Le régime de transition a laissé dériver [la dette] gravement, au point d’exposer l’État au risque de cessation de ses paiements et à la suspension, désormais effective, des paiements des institutions financières internationales ».
Pour y faire face, il prévoit, dans les cent premiers jours de son mandat, la mise en œuvre d’un « plan de réforme budgétaire et économique à moyen terme (quinquennal), en coordination avec les créanciers, le FMI et la Banque mondiale, comportant une restructuration de la dette et une assistance technique ». Ce plan s’accompagnerait d’un « virage libéral » visant à poser les bases d’une politique de croissance et d’emploi.
Ce positionnement pourrait ouvrir la voie à une renégociation des conditions de remboursement de la dette. Mais une question demeure : quels seront les termes de la restructuration, et avec quels impacts sur les engagements sociaux de l’État ? En 2025, la loi de finances prévoit le paiement d’intérêts sur la dette extérieure à hauteur de 48 milliards de fcfa, et de 4,5 milliards de fcfa pour les banques commerciales, des montants déjà en forte baisse. Cette réduction est-elle le fruit d’anticipations sur le futur programme de restructuration ?
La volonté affichée de reprendre le contrôle sur les équilibres macroéconomiques semble aussi passer par une meilleure mobilisation des ressources internes. Le projet évoque, sans entrer dans le détail, la nécessité d’« améliorer le recouvrement fiscal » et d’« optimiser la gestion des entreprises publiques ». Ces pistes pourraient constituer des leviers d’action complémentaires, à condition qu’elles s’inscrivent dans une réforme administrative cohérente.
L’enjeu consistera probablement à maintenir la confiance des créanciers tout en engageant des dépenses sociales ambitieuses, telles que le revenu minimum garanti. Le Gabon pourrait-il obtenir un rééchelonnement favorable ou un appui conditionné à des réformes fiscales profondes ? La concrétisation de cette stratégie dépendra en grande partie de la transparence budgétaire et de la crédibilité des engagements pris à l’international.