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Gabon: BTP, Transgabonais, eau potable, ces secteurs où vont les nouveaux emprunts

le coup de coeur

Les nouveaux tirages enregistrés au premier trimestre 2025 s’élèvent à 714,5 milliards de fcfa, selon le Bulletin statistique de la dette. Ce montant massif alimente à la fois les projets d’infrastructure et le financement budgétaire courant. Parmi les principaux projets financés figurent la réhabilitation du Transgabonais, la construction de passerelles urbaines et d’ouvrages hydrauliques. Toutefois, ces dépenses sont difficilement traçables, car seulement 18,4 milliards de fcfa ont été affectés à des projets clairement identifiés dans le document. Cette opacité complique l’évaluation réelle de l’impact des nouveaux emprunts.

Obligations du Trésor assimilables

La ventilation des tirages montre que 367,7 milliards proviennent des emprunts intérieurs, et 346,8 milliards de l’extérieur. La quasi-totalité des financements intérieurs est captée par les OTA (Obligations du Trésor Assimilables), qui représentent désormais une source centrale de financement. Pourtant, ces instruments sont coûteux en intérêts et courts en maturité. La Banque mondiale alerte dans sa Note de conjoncture : « Le recours excessif aux emprunts à court terme peut compromettre la gestion prévisionnelle de la trésorerie publique. » Cette stratégie expose à une vulnérabilité continue en cas de tension sur le marché régional.

La qualité des investissements financés reste une interrogation centrale. Si certains projets sont visibles, tels que les routes ou les forages hydrauliques, leur viabilité socioéconomique reste à prouver. La plupart manquent de données d’impact, de bilans d’exécution ou de transparence sur les coûts réels. Le rapport de la Banque mondiale insiste d’ailleurs sur ce point : « L’efficacité des dépenses publiques est entravée par des processus de passation peu concurrentiels et une planification défaillante. »

Nécessité d’une meilleure traçabilité

L’enjeu dépasse donc la question comptable : il s’agit d’évaluer si ces nouveaux emprunts produisent un retour mesurable en croissance, en emploi et en amélioration des services publics. Or, peu d’indicateurs permettent aujourd’hui de mesurer ces externalités positives. L’expérience passée montre que nombre de projets restent inachevés ou sous-utilisés, aggravant les tensions sur la dette sans bénéfice notable pour les populations.

Il devient donc impératif de lier tout nouveau tirage à une évaluation rigoureuse, publique et indépendante. L’efficacité des dépenses issues de l’endettement devrait devenir un critère de renouvellement des lignes de crédit. Sans une meilleure traçabilité, le Gabon risque d’additionner des dettes à faible effet de levier, fragilisant encore plus sa crédibilité sur les marchés. Avis au ministère de l’Économie. 

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